L'architecte Luc Schuiten crée la "cité végétale", univers bio du 21e siècle

AFP/Catherine TRIOMPHE

Il suffirait qu'un jardinier doué sème quelques graines de plantes bien choisies au pied de nos immeubles en béton, sur les toits, ou dans les cages d'escaliers, pour que nos villes retrouvent couleurs, harmonie et poésie.

L'architecte Luc Schuiten crée la
C'est avec ce rêve bien dans l'air du temps que l'architecte Luc Schuiten nous fait franchir les portes de ses "cités végétales", exposées au Musée du Cinquantenaire de Bruxelles jusqu'au 30 août prochain.
En quelques coups de crayon, il présente comme une évidence la métamorphose de nos environnements urbains, qui passeraient en quelques décennies de l'ère du tout béton à une osmose parfaite entre l'humain et le végétal.
Les plantes viendraient se fixer sur les points névralgiques des bâtiments, des carrefours. Leur croissance savamment contrôlée animerait les immeubles d'un élan céleste, à faire s'extasier le plus désabusé des employés de bureau.
Pour transformer la ville en organisme vivant, Schuiten a quelques mots fétiches : "archiborescences", "habitarbres" ou "biomimétisme", eux-mêmes nés de cette communion souhaitée entre nature et urbanisme.
Pas difficile de deviner quelles pourraient être les racines de ses rêves, qui évoquent "Tistou les pouces verts", un classique de la littérature pour enfants. Luc Schuiten, membre d'une éminente famille d'architectes, graphistes et auteurs de bandes dessinées, a grandi à Bruxelles bercé de références à l'Art Nouveau, qui tentait déjà d'introduire du végétal dans une ère industrielle alors en plein essor.
Depuis plus de 30 ans qu'il bûche sur ses visions arborées, certaines n'ont plus rien d'utopique. Un bon paysagiste peut aujourd'hui transformer un toit en promenade plantée, un balcon en cocon abritant un jardin d'hiver...
Mais Luc Schuiten va beaucoup plus loin. Il rêve d'utiliser des siècles d'expérience accumulés par la nature pour repenser la façon dont nous construisons ou chauffons nos bâtiments.
"Souvent les problèmes que rencontrent les humains ont déjà été résolus par les animaux ou les plantes. En s’y intéressant, on trouve des solutions naturelles pour relever nos défis humains", dit-il pour expliquer son intérêt pour le biomimétisme.
Il imagine ainsi des villes où les murs auraient cédé la place à des parois en fibre textile similaire aux cocons des vers à soie, où le système de climatisation serait calqué sur celui d'une termitière, où chacun verrait son espace naturellement délimité par l'enchevêtrement des branches d'un figuier étrangleur.
Luc Schuiten réinvente aussi les moyens de locomotion, un travail qu'il laissait déjà entrevoir dans des bandes dessinées co-signées avec son frère François.
Sa ville se parcourt au volant d'un "chenillard" - qui sait se faire, selon les besoins, transport individuel et collectif - en mini-avion "ornithoplane" ou encore en "sauteraile", tenue alliant prothèse ailée et chaussures à ressorts aux effets proches de bottes de sept lieues.
A l'heure où développement durable et environnement sont sur toutes les lèvres, il en ressort un tableau, futuriste mais séduisant, d'univers "bio" ultra-sophistiqué.
Âgé de 65 ans, l'artiste se donne, dans une biographie en forme de clin d'œil, jusqu'en 2035 pour faire mûrir ses projets... avant de périr en testant un de ses ornithoplanes.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :