L'ayatollah Khamenei va s'adresser à un Iran sous tension

Reuters

L'ayatollah Ali Khamenei, plus haute autorité de la République islamique, doit s'adresser vendredi à la nation iranienne pour la première fois depuis l'élection présidentielle qui a accouché d'un mouvement de protestation sans précédent depuis trente ans.

L'ayatollah Khamenei va s'adresser à un Iran sous tension
Le guide suprême de la révolution, qui a soutenu ouvertement l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad pendant la campagne, a appelé à les Iraniens à l'union derrière le président dont la réélection officielle est contestée par son principal rival, le réformateur Mirhossein Moussavi.

Le pouvoir cherche à reprendre la main en Iran. Aussi le sermon de l'ayatollah Ali Khamenei, prononcé à l'occasion du jour hebdomadaire des prières, sera très attendu, au lendemain d'une sixième journée de manifestations massives.

Plusieurs dizaines de milliers de partisans de Mirhossein sont encore descendus dans les rues de la capitale Téhéran jeudi, le plus souvent vêtus de noir et tenant des chandelles dans leur main, pour rendre hommage aux victimes des violences post-électorales.

Des témoins faisaient état d'une place Imam Khomeini noire de monde. Les manifestants avaient répondu en masse à l'appel lancé la veille par Mirhossein Moussavi à se rassembler pacifiquement dans les rues et les mosquées.

Les médias publics iraniens ont rapporté que sept ou huit personnes, selon les sources, avaient été tuées en marge des manifestations qui se répètent chaque jour depuis la proclamation des résultats de la présidentielle, samedi dernier.

Ce mouvement de contestation, d'une ampleur inégalée en Iran depuis la révolution islamique de 1979, a été durement réprimé et plusieurs dizaines de réformateurs ont été arrêtés.

Les journalistes des médias étrangers ont reçu l'ordre de ne pas quitter leurs bureaux pour couvrir les événements et les médias iraniens font l'objet d'une étroite surveillance.

LES REFORMATEURS REUNIS SAMEDI

La lauréate du prix Nobel de la paix Shirin Ebadi a affirmé que 500 personnes environ avaient été arrêtées en six jours et elle a appelé à leur libération immédiate. Elle a en outre souhaité l'organisation d'un nouveau scrutin sous l'égide des Nations unies.

Le candidat battu Mirhossein Moussavi, avocat d'une détente avec l'Occident, a également demandé l'annulation de l'élection et estimé que le nouveau décompte partiel des bulletins promis par le Conseil des gardiens n'était pas suffisant.

Comme les deux autres candidats malheureux, le réformateur Mehdi Karoubi et le conservateur Mohsen Rezaï, l'ancien Premier ministre devrait être reçu samedi par ce conseil, principal organe législatif d'Iran.

Le Conseil des gardiens a été saisi de 646 recours dont il a dit avoir commencé un "examen minutieux". Manques de bulletins, pressions sur les électeurs et entraves à l'observation des dépouillements sont quelques unes des fraudes dénoncées.

Tandis que les candidats battus seront reçus, un nouveau grand rassemblement de l'opposition est prévu samedi à Téhéran, en présence de Mirhossein Moussavi, de Mehdi Karoubi et de l'ancien président Mohammad Khatami.

Ce dernier a pris fait et cause pour le principal candidat réformateur, comme un autre ex-chef de l'Etat, Akhbar Hashemi Rafsanjani, très critique envers Mahmoud Ahmadinejad et dont les enfants ont reçu l'injonction de ne pas quitter le territoire selon l'agence semi-officielle Fars.

Jeudi, des banderoles invitaient les partisans de Mirhossein Moussavi à ne pas battre le pavé vendredi, les soutiens de Mahmoud Ahmadinejad ayant prévu de se rassembler à Téhéran pour, eux aussi, manifester leur force.

Par delà la contestation du résultat de l'élection, le mouvement qui agite l'Iran témoigne de clivages profonds dans les arcanes du pouvoir religieux et politique.

Dans un entretien à Reuters, Abolhassan Bani-Sadr, compagnon d'exil de l'ayatollah Khomeini jusqu'en 1979 et président iranien élu en 1980, avant de tomber en disgrâce, estimait jeudi que le régime était en danger .

"Ce mouvement montre que le peuple veut la démocratie et ce régime n'est pas démocratique, donc le mouvement ne peut pas s'arrêter", a-t-il affirmé, faisant un parallèle entre la contestation actuelle et celle de l'époque du shah.


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