L'ennui s'installe à la lecture de l'interminable jugement de Khodorkovski

AFP

Moscou - Le juge à peine audible avale ses mots en lisant l'interminable jugement, les policiers chargés de surveiller Mikhaïl Khodorkovski piquent du nez: l'ennui s'installe au procès de l'ex-magnat du pétrole russe qui devra patienter quelques jours avant de connaître sa peine.

Mikhaïl Khodorkovski
Mikhaïl Khodorkovski
Dans une cabine vitrée dans la salle, Khodorkovski et son principal associé, Platon Lebedev, ne manifestent aucun intérêt à la lecture.

Khodorkovski, en pull noir, examine ses dossiers. Lebedev, en survêtement blanc, sourit à son épouse. Quand celle-ci, prise d'ennui, s'en va, il écrit des notes à son avocate, lit un livre.

La femme de Mikhaïl Khodorkovski, venue le soutenir avec leur fille la veille et qui avait été expulsée de la salle pour bavardage, a décidé de ne plus s'aventurer au tribunal mardi.

Le juge Viktor Danilkine, qui a reconnu lundi les deux hommes coupables du vols de pétrole et du blanchiment de 23,5 milliards de dollars, continue de lire les preuves de leurs culpabilité.

Assis, parlant très bas et avalant ses mots, il énumère les épisodes de l'activité économique du groupe pétrolier Ioukos, les numéros des contrats, des décisions des actionnaires qui ont porté préjudice à l'Etat, etc.

Les journalistes et le public contiennent à peine leurs bâillements.

Tout le monde garde le silence. Les huissiers de justice ont menacé de faire sortir de la salle "sans avertissements" ceux qui feront du bruit.

Les policiers en chapka de fourrure artificielle et uniforme bleu somnolent sur des chaises à cô té de la cage en verre.

Avant de prononcer la peine, le juge doit lire quelque 800 pages du jugement dont l'énoncé a débuté lundi. La veille il a lu 150 pages.

La retransmission sur écran dans la salle de presse, disponible au cours des débats et des plaidoiries, a été interrompue pendant la lecture jugement.

"C'est une transparence à huis clos comme le vol sous forme d'achat", ironise Vadim Kliouvgant, principal avocat de M. Khodorkovski en citant l'un des chefs d'accusation envers son client qu'il juge absurde.

Pendant les pauses, les prévenus escortés d'hommes armés de fusils-mitrailleurs font un signe de salut de la main vers les journalistes et leur souhaitent "bonne année".

Le site de Mikhaïl Khodorkovski a publié l'adresse de MM. Khodorkosvi et Lebedev qui remercient ceux qui ne peuvent pas entrer au tribunal.

"Ils ont arrêté la retransmission. Le juge a honte", écrivent-ils.

"Ne vous découragez pas, nos efforts ne sont pas inutiles. Le pouvoir sans loi est un tabouret sans pied. Ils ont l'air bête et leur avenir est prévisible. C'est à nous et à nos enfants de vivre ici. Bonne année!", écrivent-il.

Pris d'assaut lundi par des journalistes et des sympathisants de Khodorkovski qui ont crié des slogans anti-gouvernementaux, le tribunal moscovite de Khamovniki a pris mardi des mesures.

Des barrières métalliques sont installées à 300 mètres de l'entrée et seules les personnes munies d'un laisser-passer ou d'une carte de presse sont admises.

Quatre autobus remplis de policiers antiémeute sont postés à cô té.

Quatre manifestants avec un portrait de Khodorkovski font le pied de grue derrière les barrières par -5° Celsius et un vent glacial de la Moskova. Ils étaient 300 la veille, plus de 20 avaient été interpellés.

"Pourquoi la rue est fermée?" demande une jeune fille à son copain. "On juge Khodorkovski là-bas" lui répond-il. "Est-ce qu'il est un criminel dangereux?", s'interroge-t-elle.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :