L’homme derrière le succès
canoe.ca/Benoît Aubin
La crise économique qui menace les industries culturelles était restée sur le trottoir de la rue Peel, avec un petit groupe de manifestants et des grappes de curieux. Ils regardaient passer un flot de vedettes, d’hommes d’affaires et de politiciens invités au plus fastueux lancement de livre de récente mémoire, hier soir à Montréal.
L’occasion : le lancement de la biographie de René Angélil, le Maître du Jeu, par Georges-Hébert Germain - qui nous fait mieux connaître l’homme derrière le succès de la diva - un être d’extrêmes, de contradictions, d’ambition, d’extravagances, de passions et, ultimement, de succès. C’était sa fête, et les réflecteurs étaient, pour une bonne fois, braqués sur lui.
La smala
L’épouse d’Angélil -Céline Dion - était là - robe fourreau rouge, longues boucles ondulantes, simple, mais très glamour dans le chic salon de l’hôtel Windsor. La patronne d’Angélil aussi; Julie Snyder. L’époux de cette dernière, Pierre-Karl Péladeau. Le maire de Montréal, une couple de ministres de Québec, itou. Des gens connus, de Ginette Reno à Luc Plamondon, à Nanette Workman, à Denise Filiatrault à Michel Bergeron à Stéphane Laporte. Les meilleurs petits fours en ville; vin français à volonté, service ganté.
Il y avait là plus de caméras qu’il y a d’enfants dans la grande famille Dion - entre lesquelles chacun célébrait, d’une entrevue à l’autre, son appartenance à ce réseau tout étonnant de gens intéressants mais disparates - que l’auteur de la soirée, Georges-Hébert Germain, décrit comme «la smala de René Angélil.»
Maman Dion était là, l’oeil vif, pour blaguer sur la colère qu’elle a faite quand le gérant de sa fille est devenu son amant. Les quatre enfants qu’Angélil a eus de trois mariages aussi - sa fille Anne- Marie racontant comment leur père leur a appris à compter en jouant au poker. Le parolier qui a lancé Céline Dion, Luc Plamondon est venu dire que «René et moi voulions être des artistes, et nous le sommes devenus à travers nos interprètes.»
Il y avait là aussi des messieurs vieillissants aux coiffures démodées, qu’on imagine facilement écouter du Dean Martin dans leur Chrysler en allant jouer au golf - des amis de la première heure auxquels Angélil est resté fidèle.
Comme Roméo et Juliette
Moment émouvant: Julie Snyder disant «René et Céline sont comme Roméo et Juliette, des noms devenus inséparables.» Moment drôle: Angélil disant:«Si Julie Snyder dit que je suis un fou, eh bien moi je dis qu’elle est une folle.»
À la fin d’une suite d’émouvants hommages à ce caïd qui, selon le dicton de Hollywood, n’a jamais oublié les gens qu’il a rencontrés lors de son ascension, l’homme s’est approché du micro. Il marche à petits pas, un peu raide, crâne rasé, lunettes foncées, barbiche blanche rasée de près. Ce qu’il a dit, cet homme de 67 ans, père du petit René Charles, 8 ans, qui assistait à la soirée, tapi sur scène dans les jambes de sa mère? «Ce qui nous tient en vie, c’est l’enthousiasme.»
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La biographie René Angélil, Le maître du jeu est en librairie dès aujourd’hui.