L'ultimatum de la Ligue arabe expire ce samedi à minuit
AFP
Les forces syriennes ont tiré pour disperser des milliers de manifestants hostiles au régime vendredi, tuant au moins douze civils dont deux enfants, à la veille de l'expiration d'un ultimatum arabe sommant le président Bachar al-Assad de cesser la répression.
Trois membres des forces de sécurité ont ainsi été tués dans une attaque à la bombe à Hama (centre), selon la télévision d'Etat.
Les militants pro-démocratie ont appelé via internet à des manifestations massives qui, comme chaque vendredi depuis la mi-mars, ont commencé après la prière hebdomadaire.
Les manifestants ont défilé dans de nombreuses villes malgré un déploiement massif des forces de sécurité, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni, et les Comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent les contestataires sur le terrain.
Les troupes ont ouvert le feu pour disperser les contestataires, faisant 12 morts selon l'OSDH. Deux manifestants ont été tués à Homs (centre), six, dont deux enfants, dans la région de Deraa (sud), trois autres dans la région de Damas et un à Hama.
Les LCC ont fait état pour leur part de 20 civils tués, dont quatre enfants.
A Damas, quelque 2.000 personnes ont manifesté en soutien au président syrien et se sont engagées à organiser tous les vendredis des contre-protestations en réponse au mouvement de contestation.
Le régime Assad semble sourd aux injonctions de la Ligue arabe qui lui a donné jusqu'à samedi minuit pour cesser les violences contre les civils sous peine de sanctions économiques, après avoir suspendu la participation de son pays de l'organisation.
Les pays arabes reprochent au gouvernement syrien de ne pas respecter, contrairement à sa promesse, le plan de sortie de crise arabe qui prévoit la fin des violences, le retrait des troupes des villes, la libération de milliers de détenus et l'envoi d'observateurs arabes sur le terrain.
La Ligue arabe a dit examiner une demande syrienne de modifications à sa proposition d'envoyer à Damas une délégation de 500 observateurs pour s'assurer de la sécurité des populations civiles.
Malgré les pressions croissantes de l'Occident et des Arabes, M. Assad peut encore se targuer des soutiens de ses alliés chinois et russe, qui continuent de refuser toute ingérence étrangère en Syrie et de favoriser le dialogue en dépit des violences qui ont fait plus de 3.500 morts en huit mois selon l'ONU.
L'Iran, allié de Damas, a pour sa part qualifié la décision de suspendre la Syrie de la Ligue arabe d'"erreur historique", craignant une guerre civile.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a aussi déploré la possibilité d'une "guerre civile, avec une opposition très déterminée, bien armée et finalement bien financée".
Cette action armée, ajoute-telle, serait "sinon dirigée, du moins certainement influencée par des déserteurs de l'armée".
L'Armée Libre de Syrie (ASL), regroupant des soldats insoumis, a intensifié son action ces dernières semaines, menant des attaques contre des centres des services secrets et du parti au pouvoir.
Le chef de la diplomatie française Alain Juppé et son homologue turc Ahmet Davutoglu, dont le pays a coupé les ponts avec son voisin, ont eux aussi évoqué le risque de "guerre civile".
M. Juppé a appelé l'opposition syrienne à éviter "le recours à l'insurrection armée".
Pour sa part, le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague doit avoir des entretiens avec des représentants de la rébellion syrienne lundi à Londres, selon le Foreign Office.
Les Etats-Unis, l'Union européenne et la Turquie préconisent une accentuation des sanctions.
Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a appelé à faire preuve "de retenue et de précaution" devant son homologue français François Fillon, qui a regretté que M. Assad reste "sourd" aux appels internationaux face à une situation "de plus en plus dramatique".
Face aux divergences entre les grandes puissances sur le dossier syrien, Paris, Berlin et Londres veulent présenter au Comité des droits de l'Homme de l'Assemblée générale de l'ONU une résolution condamnant les agissements du régime. Un vote devrait intervenir mardi.
Le succès d'une telle démarche pourrait augmenter la pression sur le Conseil de sécurité de l'ONU, la Russie et la Chine restant opposées à toute action à l'ONU contre le régime Assad.