La Cité de l'architecture sort de l'oubli Androuet du Cerceau

AFP

Paris - La Cité de l'architecture et du patrimoine présente jusqu'au 9 mai une exposition destinée à sortir de l'oubli Jacques Androuet du Cerceau, architecte français de la Renaissance, précurseur de "l'architecture à la française".

La Cité de l'architecture sort de l'oubli Androuet du Cerceau
Androuet du Cerceau (1520-1586) a notamment introduit "le plan symétrique et axial" dans l'architecture française, déclare à l'AFP Hervé Lemoine, commissaire de l'exposition.

M. Lemoine explique avoir au départ pensé à intituler l'exposition "Androuet du Cerceau, l'illustre inconnu" tant "il est paradoxal que son nom soit aujourd'hui méconnu alors que son oeuvre est essentielle pour l'architecture et l'art décoratif sous la Renaissance".

S'appuyant sur des recherches récentes, l'exposition présente des dessins, gravures, tableaux, moulages, maquettes et restitutions en trois dimensions pour faire revivre son oeuvre.

Fils d'un marchand de vin, Jacques Androuet du Cerceau se forme à l'école de Fontainebleau où François Ier a invité les grands artistes italiens de l'époque pour décorer son château.

Toute sa vie, Androuet du Cerceau, bien que protestant, sera protégé par les Valois. François Ier puis Henri II, Charles IX et Henri III lui passent commande.

Pendant les guerres de religion, il se réfugie à Montargis, chez Renée de France, partisane des Huguenots. C'est là qu'il décède en 1586.

Si Androuet du Cerceau a laissé beaucoup de dessins et de gravures, on ne sait pas précisément ce qu'il a construit. Le débat n'est pas tranché entre spécialistes.

"Il a dû construire", estime Hervé Lemoine. En outre, "à l'époque, un architecte, c'est celui qui dessine, qui vend sur plans mais ne va pas forcément jusqu'à mettre en oeuvre", ajoute l'ancien directeur du musée des Monuments français.

Androuet du Cerceau édite plusieurs livres d'une modernité étonnante dans la mesure où ils proposent des modèles d'habitation destinés à toutes les classes de la société, ordonnés en fonction du coût supposé de leur construction.

L'architecte contribue à affirmer un modèle d'architecture symétrique, axial, "français", autour d'un logis élémentaire et extensible. Ses dessins d'ornements architecturaux, de jardins, sont une source d'inspiration.

Mais il propose également des architectures fantastiques et imaginaires: rampes en colimaçon, formes cubiques étonnantes pour l'époque.

Entre 1576 et 1579, il publie les "Plus excellents bastiments de France", anthologie des trente plus beaux châteaux du royaume. Des volumes très précieux que le public peut découvrir dans l'exposition.

Ses fils, architectes eux aussi, poursuivront sur sa lancée. Commandée par Henri IV, la Galerie du Bord de l'eau reliant le palais des Tuileries à celui du Louvre, a été construite par Jacques II Androuet du Cerceau. Deux de ses petits-fils seront eux aussi des architectes connus.

A la fin du XVIIème siècle, l'étoile de Jacques Androuet du Cerceau pâlit, la toute nouvelle Académie d'architecture le trouvant "trop utopique" et "pas assez rationnel", explique Hervé Lemoine, désormais chargé des Archives au ministère de la Culture.

Après un long purgatoire, son oeuvre est redécouverte au XIXè siècle. Les architectes Félix Duban et Eugène Viollet-le-Duc s'aident de ses dessins pour restaurer les grands châteaux de la Renaissance.

("Androuet du Cerceau". Cité de l'architecture. Paris. Jusqu'au 9 mai.

Monographie coéditée par Picard et la Cité de l'architecture. 400 pages. 350 illustrations)


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