La Corée du Nord récidive, Moscou veut une résolution musclée
Reuters
Défiant la communauté internationale après le tollé soulevé par l'essai nucléaire et les tirs d'essai de trois missiles lundi, la Corée du Nord a procédé au tir expérimental de deux autres engins de courte portée, et a accusé Washington de comploter contre le gouvernement au pouvoir à Pyongyang.
La Corée du Nord apparaît plus seule que jamais dans le nouveau bras de fer. Le Conseil de sécurité a condamné à l'unanimité de ses 15 membres l'essai souterrain de lundi. La Chine, pays traditionnellement proche de Pyongyang, a associé sa voix à cette condamnation, de même que la Russie.
Pour le Conseil de sécurité, les événements de lundi représentent une "violation évidente" de la résolution 1718, adoptée peu après le premier essai nucléaire de Pyongyang en octobre 2006. La résolution 1718 interdit tout nouvel essai nucléaire ou tir expérimental de missile et impose des sanctions financières limitées ainsi qu'un embargo sur les armes et un embargo commercial partiel.
Le Conseil de sécurité a promis d'autre part de s'atteler à la rédaction d'une nouvelle résolution.
De source proche du ministère russe des Affaires étrangères, on estimait mardi que l'adoption d'une nouvelle résolution musclée par le Conseil de sécurité des Nations unies sur la Corée du Nord était désormais pour ainsi dire "inévitable". La Russie, autre pays d'ordinaire plutôt proche de Pyongyang, assume ce mois-ci la présidence tournante du Conseil de sécurité.
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"La réaction doit être suffisamment sérieuse, car l'autorité du Conseil de sécurité est en jeu", a dit un responsable du ministère, sous le sceau de l'anonymat. "L'adoption d'une résolution musclée par le Conseil de sécurité est pour ainsi dire inévitable".
Face à la vague de protestations suscitée par son essai nucléaire, la Corée du Nord a dénoncé mardi la politique hostile de l'administration de Barack Obama.
L'agence de presse nord-coréenne KCNA a diffusé une dépêche pour stigmatiser la politique "hostile" des Etats-Unis, qui n'a pas changé selon Pyongyang depuis l'arrivée d'Obama à la Maison blanche et justifie ses efforts pour se bâtir un arsenal nucléaire. "Notre armée et notre peuple sont totalement prêts pour la bataille (...) contre toute tentative imprudente américaine de frappe préventive", a ajouté KCNA.
Quelques heures après la condamnation par le Conseil de sécurité unanime de l'essai souterrain que Pyongyang a effectué lundi matin, le président américain avait réaffirmé "l'engagement sans faille" des Etats-Unis aux côtés de Séoul et du Japon pour assurer la paix et la sécurité en Asie de l'Est.
Pour les spécialistes, la Corée du Nord a choisi de procéder plus tôt que prévu à un essai nucléaire pour attirer l'attention de l'administration Obama et faire monter les enchères pour d'éventuelles négociations directes.
De plus, le temps presse pour le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, qui, à 67 ans, et après l'attaque cérébrale dont il a été victime l'an dernier, chercherait à obtenir un accord avec les Etats-Unis et à améliorer la situation économique avant de confier la direction du pays à l'un de ses fils, sans doute le cadet des trois, Kim Jong-un, qui n'aurait que 25 ou 26 ans.