La Corée du Nord réussit un tir de fusée et défie "les forces hostiles"
AFP
Seoul - La Corée du Nord a lancé une fusée avec succès mercredi et défié les "forces hostiles" en affirmant qu'elle poursuivrait ses tirs malgré la stratégie de "confrontation" des Etats-Unis qui ont fustigé un acte "hautement provocateur" avant une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.
Après cette " percée technologique" triomphalement annoncée à la télévision d'Etat par une speakerine en costume traditionnel, Pyongyang a défié "les forces hostiles" en réaffirmant son "droit légitime" à lancer des engins à des fins pacifiques.
"Cette question ne relève pas d'un domaine dans lequel le Conseil de sécurité des Nations unies peut dire ceci ou cela", selon le ministère nord-coréen des Affaires étrangères alors que les ambassadeurs des Etats membres du conseil devaient se réunir en urgence mercredi matin à New York.
Il a mis en garde Washington contre une stratégie de "confrontation (qui) ne sera d'aucune aide pour résoudre quoi que ce soit".
Les Etats-Unis ont déploré un acte "hautement provocateur".
Il s'agit d'un "acte hautement provocateur qui menace la sécurité régionale, viole directement les résolutions 1718 et 1874 du Conseil de sécurité de l'ONU (...) et mine le régime de non-prolifération", selon le porte-parole du Conseil de sécurité nationale, Tommy Vietor.
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, s'est dit "inquiet" pour "la paix et la stabilité de la région".
Le Conseil de sécurité devait se réunir mercredi vers 11H00 (16H00 GMT) à la demande des Américains et des Japonais qui devraient pousser pour de nouvelles sanctions et tenter de convaincre la Chine généralement réticente.
"La relation entre la Chine et la Corée du Nord semble assez mauvaise actuellement", a commenté un diplomate occidental de haut rang en poste à Pékin, ajoutant que Pyongyang ne "paraît tenir aucun compte" de ses conseils.
Pékin a une nouvelle fois soufflé le chaud et le froid avec son voisin en l'appelant à "respecter les résolutions" de l'ONU puis en défendant, par la voix de l'agence officielle Chine nouvelle, son droit à explorer l'espace.
Tokyo a en revanche dénoncé un acte "intolérable" tandis que la Corée du Sud a "vigoureusement" condamné le tir et dénoncé les "provocations" du Nord.
Condamnation "forte" également de Londres et de Moscou qui a déclaré "déplorer profondément" le tir. L'Union européenne a brandi la menace de nouvelles sanctions.
Seule voix discordante, l'Iran, également soupçonné de poursuivre un programme nucléaire à visée militaire et sous le coup de sanctions internationales, a félicité la Corée du Nord.
L'Iran "félicite le peuple et le gouvernement" nord-coréen pour le "lancement réussi d'une fusée transportant un satellite", a déclaré le commandant en chef-adjoint des forces armées, le général Massoud Jazayeri, à l'agence Fars.
Téhéran avait démenti mardi la présence en Corée du Nord d'experts iraniens afin d'aider Pyongyang à résoudre des "problèmes techniques" avant le lancement de la fusée, affirmant que la coopération militaire entre les deux pays était terminée depuis la fin des années 80.
Pour Masao Okonogi, professeur à l'université Keio du Japon, Pyongyang possède désormais "la technologie pour envoyer une ogive sur une zone ciblée" et "représente maintenant une menace réelle pour les Etats-Unis".
La Corée du Nord avait annoncé une mise à feu entre le 10 et le 22 décembre, vraisemblablement pour la faire coïncider avec le premier anniversaire de la mort, le 17 décembre 2011, de l'homme fort du régime, Kim Jong-Il, père de l'actuel dirigeant.
Confrontée à des contretemps techniques et météo, elle avait finalement élargi la fenêtre de tir jusqu'au 29 décembre. Les médias sud-coréens avaient même affirmé mardi que le lanceur avait été retiré de son pas de tir.
La fusée a finalement décollé à 09H49 (00H49 GMT) du centre de Sohae (nord-ouest).
Selon le Japon et la Corée du Sud, les deux premiers étages du lanceur Unha-3 sont tombés en mer au large de la péninsule coréenne et le troisième au large des Philippines.
En fait de fusée, il s'agit selon ces pays d'un missile Taepodong-2, d'une portée de 6.000 à 9.000 kilomètres. Il a été testé en 2006, en 2009 et en avril 2012, après un premier missile de portée moindre, le Taepodong-1, testé en 1998.
Les Occidentaux et leurs alliés asiatiques accusent le régime de détenir plusieurs bombes nucléaires et de procéder à des essais atomiques afin de parvenir à les miniaturiser et les installer sur des missiles.
Les experts estiment toutefois qu'elle est loin de posséder une puissance balistique fiable et que la mise au point d'une capacité nucléaire délivrable par missile intercontinental prendra encore beaucoup de temps.