La Corse-du-Sud dans la tourmente des incendies: 4.000 ha déjà brûlés
AFP
Ajaccio - Pompiers au sol et moyens aériens étaient de nouveau en pleine action vendredi en Corse-du-Sud - où près de 4.000 hectares de maquis et forêts ont déjà brûlé - pour lutter contre deux incendies qui ont démarré la veille près d'Ajaccio et près de Sartène.
Au sol, 350 pompiers et 180 militaires luttent contre les flammes et 200 hommes venus du continent étaient attendus dans la journée pour les épauler.
Des avions Tracker et Dash larguent des tonnes de retardant sur un troisième feu qui été "fixé" dans la nuit dans la vallée de l'Ortolo, au sud de Sartène. La progression du sinistre est stoppée au niveau de la tête du feu mais pas sur les flancs. De nombreux animaux qui paissaient, ont été la proie des flammes qui ont aussi calciné des hectares de vignes et parcouru plus de 1.200 hectares de terrain.
Le feu de Peri, aux portes d'Ajaccio a déjà fait partir en fumée un millier d'hectares de maquis et de forêts sur les deux flancs de la vallée de la Gravone. Il a aussi privé d'électricité deux milliers de foyers.
A Carbuccia, non loin de Peri, il a brûlé la petite gare du village. A Tavaco, les flammes ont traversé le village, laissant après leur passage plusieurs maisons totalement calcinées.
"Ici, c'est la lune. Les arbres sont devenus noirs et le sol est couvert de cendres grises", a constaté un photographe de l'AFP.
Dans la zone d'Aullène (région de Sartène), le feu continue de progresser en direction des crêtes, ravageant la forêt de Valle Mala qui abrite des arbres plusieurs fois centenaires.
Comme Ajaccio, une bonne partie de la Corse-du-sud s'est réveillée vendredi matin baignant dans une tenace odeur de bois brûlé et dans un banc de fumée dégagé par les trois incendies.
"Les flammes du feu d'Aullène ont été visibles jusque tard dans la nuit de jeudi", a indiqué à l'AFP Nina, une vacancière séjournant à Campomoro, à plusieurs dizaines de kilomètres à vol d'oieau du sinistre.
A Ajaccio, la brume en provenance du feu parti de Peri, à une vingtaine de kilomètres de la cité impériale, noyait toujours la baie en milieu de matinée. Elle a surtout fait redouter un long moment que les appareils en attente sur la base de Campo dell'Oro ne puissent décoller de crainte d'accrocher un câble ou un ligne électrique en volant trop bas sans grande visibilité.
Sur les ondes des radios locales, maires, responsables politiques et victimes des flammes ne décolèrent pas, mettant en cause les incendiaires et les pyromanes, ainsi que les secours - dont ils jugent le début de l'intervention tardive - et les "inconscients" qui malgré les arrêtés préfectoraux font quand même des barbecues ou des écobuages. En cas de problème, "dans 99% des cas, ces feux sont impossibles à arrêter", a rappelé le colonel Pierre Salinesi, responsable des pompiers de Corse-du-Sud.
Les habitants, excédés, inquiets et désireux de sauver leurs biens, s'en prennent aussi aux forces de l'ordre qui ont installé des barrages "pour éviter des morts" et laisser circuler les camions des pompiers.
"Il y a eu plusieurs empoignades, des disputes et quelques voitures qui voulaient passer à tout prix ont été éraflées en frôlant les fourgons de police", a raconté le photographe de l'AFP.
Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, était attendu vendredi en début d'après-midi à Ajaccio.