La France adopte son plan d'aide à la Grèce
AFP
Paris - La France a définitivement adopté son plan d'aide à la Grèce, élément d'un plan global de la zone euro et du FMI qui n'a pas pour l'instant enrayé la spirale des crises: violences à Athènes, chute de la monnaie unique, des bourses, peur d'une contagion à d'autres pays...
Bernard Kouchner et Christine Lagarde
Il s'agit de la contribution française aux 110 mds promis dimanche dernier à la Grèce par les quinze autres membres de la zone euro (80 mds, contre 30 mds prévus initialement) et le FMI (30 mds), pour tenter de renflouer son déficit.
En contre-partie, le Parlement grec a adopté, jeudi également, un plan d'économie drastique (baisse du salaire des fonctionnaires, hausse de la TVA, recul de l'âge du départ à la retraite ...).
L'apport initial de la France (6,3 mds sur trois ans) a été porté à 16,8 mds, proportionnellement à l'augmentation de l'effort décidé dimanche lors d'une réunion de la zone euro.
"Pour que la Grèce puisse refinancer sa dette le 19 mai, le gouvernement a choisi d'aller vite", a rappelé le ministre du Budget François Baroin. Au passage, il a indiqué que pour 2010, le prêt à la Grèce augmentait le déficit budgétaire de la France de quelque trois milliards d'euros, soit 152 milliards. Christine Lagarde (Economie) s'est engagée à présenter au Parlement tous les trois mois "l'application des mesures prises" par les Grecs en contre-partie de l'aide.
Sous la forme d'un collectif budgétaire, le plan a été soutenu au Sénat comme à l'Assemblée par l'UMP et le PS, estimant qu'il fallait sauver la Grèce mais aussi l'euro.
Comme à l'Assemblée, les élus PCF et apparentés ont voté contre et demandé une taxation des mouvements financiers pour aider la Grèce.
Le sénateur Verts Jacques Muller, a lui dénoncé "l'hypocrisie du gouvernement" : "Lorsque la France prête à un taux de 5%, alors qu'elle se fournit à 3%, cela est tout sauf de la solidarité!".
En trois jours, l'enchaînement des événements a pu donner des arguments aux rares élus qui plaident contre le plan et ses conséquences sociales en Grèce et pour la sortie d'Athènes de la zone euro. Les bourses européennes sont toujours en repli par crainte d'une "contagion" de la situation grecque à l'Espagne ou au Portugal. L'euro continue de perdre de sa valeur.
Mercredi, trois personnes sont mortes à Athènes dans des violences en marge de la grève générale contre le plan d'austérité.
A l'Assemblée, Nicolas Dupont-Aignan (ex-UMP) avait souhaité que la Grèce sorte du "carcan" de l'euro pour pouvoir dévaluer à sa guise. Deux économistes, Marc Touati et Jean-Jacques Rosa, plaident pour la même solution.
Jean-Pierre Brard (PCF) avait estimé que le plan profitait surtout aux banques. Favorable au plan, le député Nouveau centre Charles de Courson avait cependant observé : "Quelle est la part des 110 mds d?euros versés à l?Etat grec pendant deux ans et demi qui servira à rembourser les banques qui lui ont prêté ? Presque 50 %, à savoir à peu près 55 mds d?euros. Est-ce normal ? Je pense que non".
En filigrane de ce débat, il y a aussi les déficits et la dette en France. Pour ramener le déficit public (Etat, collectivités, Sécu) à 3% en 2013, les dépenses de l'Etat seront "gelées" pendant les trois années à venir, a annoncé jeudi François Fillon. Cela signifie qu'elles seront reconduites en valeur d'une année sur l'autre, sans tenir compte de l'inflation.