La France se rapproche de l'Otan, dans l'harmonie avec Berlin
AFP
MUNICH (AFP) - Le président français Nicolas Sarkozy a fait un nouveau pas samedi vers un retour complet de Paris dans l'Otan tout en donnant un nouvel élan à la coopération militaire franco-allemande avec l'annonce solennelle de l'installation d'un bataillon allemand en France.
"L'alliance avec les Etats-Unis et l'alliance avec l'Europe ne mettent pas en cause l'indépendance de mon pays", a-t-il assuré devant la Conférence sur la sécurité de Munich (sud de l'Allemagne).
Le président français a toutefois fixé une "condition", à savoir que "la France veut rénover sa relation avec l'Otan en étant un allié indépendant, un partenaire libre des Etats-Unis". Paris, a-t-il souligné, conservera sa force de dissuasion nucléaire.
AFPLe vice-président américain Joe Biden lors de la Conférence sur la sécurité de Munich le 7 février 2009
Le rendez-vous du gotha mondial de la Sécurité et de la Défense était marqué cette année par la présence du vice-président américain Joe Biden qui n'a pas boudé son plaisir devant le rapprochement avec les Français.
"Le président (américain Barack) Obama a souligné, lors d'une récente discussion avec le président Sarkozy, qu'il soutenait fortement une pleine participation de la France à l'Otan, si tel devait être le souhait de la France", s'est-il félicité lors de la conférence, en plaisantant avec le président français.
Le cap fixé, reste un rendez-vous majeur à l'horizon: le 60e anniversaire de l'Alliance atlantique qui sera célébré les 3 et 4 avril par un sommet de l'organisation à Strasbourg (Allemagne) et (Kehl) Allemagne.
"Croyez bien que d'ici le mois d'avril nous essaierons d'être au rendez-vous d'une grande ambition pour la famille qui est la nôtre", a prévenu M. Sarkozy, qui entend annoncer sa décision sur le sol français.
Avec la chancelière allemande Angela Merkel, il a par ailleurs confirmé le stationnement en France, à Illkirch, près de Strasbourg (est) d'un bataillon allemand qui comptera plus de 600 soldats.
La France sera "heureuse" et "honorée" d'accueillir ce bataillon, a-t-il lancé, parlant d'un "acte historique" pour l'amitié entre les deux pays. Quant à Mme Merkel, elle a dit sa "fierté". Devant la presse, un membre de la délégation allemande a noté qu'il s'agissait d'une première "depuis 1945".
De son côté, le ministre français de la Défense Hervé Morin a estimé que la France et l'Allemagne "tournent ainsi une page de leur histoire".
Le bataillon, a-t-il précisé, "comptera des compagnies de reconnaissance, d'infanterie et un état-major correspondant à une force de 600 à 700 hommes et aura un caractère opérationnel".
Toujours selon lui, son installation fera l'objet d'une "montée en puissance progressive sur plusieurs années mais nous sommes prêts à l'accueillir à partir de 2009".
Deux régiments français de la brigade resteront cependant stationnés en Allemagne. L'un, le 110e régiment d'infanterie, conservera sa garnison de Donaueschingen où il partage un casernement avec un régiment allemand.
Quant au second, le 3e régiment de hussards d'Immendingen, il sera dissous "après 2012" mais remplacé par un régiment français qui reste à désigner, selon le ministre français de la Défense Hervé Morin.