La Ligue arabe demande à Moscou de cesser d'"aider à tuer" des Syriens
AFP
Moscou - La Ligue arabe a demandé jeudi à la Russie de cesser de livrer des armes au régime syrien et d'"aider à tuer des gens" dans ce pays, par la voix de son n°2 Ahmed Ben Helli, reçu la veille au ministère russe des Affaires étrangères.
Le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe a été reçu mercredi à Moscou au ministère russe des Affaires étrangères, a indiqué le ministère dans un communiqué.
Ces déclarations interviennent au moment où les Occidentaux ont accentué la pression sur la Russie pour qu'elle cesse ses livraisons d'armements à son allié syrien.
Les regards se sont focalisés ces derniers jours sur un cargo russe, le MV Alaed, soupçonné de ramener en Syrie des hélicoptères d'attaque de fabrication soviétique Mi-25, emmenés précédemment en Russie pour leur remise en état.
Des appareils de ce type ont été utilisés dans la répression des insurgés syriens par le régime de Damas ces derniers mois.
Les autorités britanniques ont indiqué mardi être intervenues, alors que le navire était au large de l'Ecosse, pour empêcher la poursuite de son périple via la compagnie d'assurance Standard Club qui lui a signifié que son contrat était caduque. Selon la presse russe, cette mesure interdit au cargo, dans le cadre de la législation internationale, d'entrer dans un port étranger.
L'armateur russe a affirmé de son côté effectuer une "mission commerciale ordinaire" dans le strict respect de la légalité.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton s'était alarmée au début du mois du transport présumé vers la Syrie d'hélicoptères en provenance de Russie.
La Russie avait répondu qu'elle n'avait fait que réparer des hélicoptères livrés il y a des années à la Syrie, et a souligné ne livrer à Damas aucun équipement qui puisse être utilisé contre des manifestants "pacifiques".
Par ailleurs, M. Ben Helli a indiqué que la Ligue arabe demandait le renforcement du mandat de Kofi Annan en Syrie pour permettre de mener à bien son plan de paix.
"Pour mener ce plan à bien, nous devons trouver un nouveau mécanisme, quant au mandat de l'émissaire spécial (de l'ONU et de la Ligue arabe), il doit être revu de manière à ce que nous puissions être certains que toutes les parties respectent le plan", a-t-il déclaré.
"Il nous faut un nouveau pas de la part du Conseil de sécurité, peut-être avec un renforcement de la pression sur le régime syrien", a-t-il ajouté.
"La mission des observateurs doit être transformée en une mission de maintien de la paix", a-t-il notamment souligné.
Il a estimé qu'il faudrait "tôt ou tard" avoir recours au chapitre VII de la Charte des Nations unies, qui prévoit des mesures coercitives en cas de menace contre la paix, allant jusqu'à l'usage de la force militaire.
Ce chapitre avait été utilisé en février et mars 2011 pour donner mandat à l'Otan d'intervenir en Libye afin de protéger la population civile. L'opération avait abouti au renversement de Mouammar Kadhafi.
La Russie, qui avec la Chine avait permis ce vote en s'abstenant au Conseil de sécurité, avait ensuite accusé l'Otan d'avoir outrepassé son mandat, et a invoqué ce précédent pour refuser une répétition du "scénario libyen" en Syrie.