La Russie ne changera "jamais" sa position à l'égard de son allié syrien
AFP
Damas - La Russie, l'un des derniers soutiens au régime de Bachar al-Assad, a affirmé vendredi qu'elle ne changerait "jamais" sa position sur la Syrie au lendemain de propos surprenants d'un responsable russe jugeant possible une victoire de la rébellion dans la guerre.
Sur le terrain, des Syriens ont manifesté pour dénoncer le "terrorisme d'Assad", après les critiques des rebelles et des militants contre la décision de Washington de placer le Front jihadiste Al-Nosra sur sa liste des organisations terroristes.
"Nous n'avons jamais changé et ne changerons jamais notre position", a déclaré le porte-parole de la diplomatie russe, Alexandre Loukachevitch, dont le pays a opposé son veto au Conseil de sécurité de l'ONU pour bloquer toute résolution condamnant Damas, à qui la Russie vend des armes.
Jeudi, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov avait créé la surprise en affirmant ne "pas exclure" une victoire de l'opposition dans la guerre en Syrie qui a fait plus de 43.000 morts en 21 mois selon une ONG syrienne.
"Il faut regarder les choses en face. Le régime et le gouvernement syriens perdent de plus en plus le contrôle du pays", avait-il dit.
Cet aveu, le plus explicite jamais formulé par un responsable russe depuis le début en mars 2011 d'une révolte populaire devenue conflit armé, a été commenté avec un brin de sarcasme par les Etats-Unis qui négocient avec la Russie pour trouver une issue au conflit.
"Nous voulons louer le gouvernement russe pour s'être finalement réveillé à la réalité et reconnaître que les jours du régime sont comptés", a dit le département d'Etat.
Une source proche de l'ambassade russe à Damas avait expliqué jeudi à l'AFP que la déclaration du responsable russe était le fruit de l'exaspération de Moscou face au refus de tout compromis de la part du régime qui croit toujours pouvoir gagner militairement.
Patriot américains en Turquie
Le président français François Hollande a appelé à "faire partir Bachar al-Assad le plus rapidement possible", la guerre "tourn(ant) maintenant à (son) désavantage", tandis que le Premier ministre britannique David Cameron a prévenu que "l'inaction et l'indifférence" n'étaient pas une option, s'engageant avec ses homologues européens à tout faire pour "soutenir et aider" l'opposition.
Avant eux, le secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, avait estimé que le régime "se rapproch(ait) de l'effondrement".
L'Alliance avait accepté le déploiement de Patriot demandé par Ankara. L'ordre officiel américain pour leur déploiement a été signé par le secrétaire à la Défense Leon Panetta vendredi avant son arrivée dans le sud de la Turquie.
Troisième pays à posséder des Patriot, l'Allemagne a également voté le déploiement de deux batteries de missiles et jusqu'à 400 soldats. Au total, six batteries et un millier d'hommes seront envoyés à la frontière turque, dans le cadre de l'Otan.
Après s'être alarmée de l'éventuelle intention du régime syrien de recourir à des armes chimiques, la communauté internationale, Etats-Unis en tête, a désormais une nouvelle préoccupation: l'utilisation de missiles Scud.
La Syrie a démenti ces tirs dénoncés par les Etats-Unis et confirmés à l'AFP par des déserteurs.
Sur le terrain, l'armée bombardait Damas et sa périphérie, où une centaine de personnes ont péri jeudi notamment dans des attentats qui se sont récemment multipliés, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Au moins 32 personnes ont été tuées vendredi, selon un bilan provisoire de l'ONG.