La Syrie n'utilisera pas d'armes chimiques, Erdogan reçoit Poutine
AFP
Damas - Damas a affirmé lundi qu'elle ne ferait pas usage d'armes chimiques contre son peuple en réagissant à l'"avertissement" lancé par Washington, au moment d'une rencontre entre le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et le président russe Vladimir Poutine, totalement opposés sur la Syrie.
"Aujourd'hui il y a des combats dans Damas", et après vingt mois de violences dans ce pays "je pense qu'il va se passer quelque chose bientôt", a-t-il poursuivi alors que les combats ont gagné jeudi pour la première fois en 20 mois de violence les abords de l'aéroport international de Damas.
Lundi, la banlieue de Damas était de nouveau sous les bombes, le régime poursuivant sa vaste offensive lancée jeudi pour reconquérir un rayon de huit kilomètres autour la capitale, qu'il veut à tout prix conserver pour être en position de négocier une issue au conflit, selon les experts.
La secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, a lancé lundi un "avertissement sévère" à la Syrie, estimant que l'éventuelle utilisation d'armes chimiques contre le peuple était "une ligne rouge".
"La Syrie réaffirme qu'elle ne fera pas usage de ce genre d'armes si elle en possède, contre son peuple, quelles que soient les circonstances, car elle est en train de défendre son peuple", a assuré une source au ministère des Affaires Etrangères, citée par l'agence officielle Sana, réagissant à ces propos.
"La Syrie lutte avec son peuple contre le terrorisme d'Al-Qaïda, qui est soutenu par des pays bien connus, dont le premier est les Etats-Unis", a ajouté le ministère. Depuis le début en mars 2011 d'une révolte populaire devenue conflit armé, le régime assimile la rébellion à du "terrorisme" armé et financé par l'étranger.
Rencontre Russie-Turquie sur fond de tensions
M. Poutine est arrivé à Istanbul dans un contexte de tensions entre les deux pays, notamment après l'interception en octobre par Ankara d'un avion de ligne syrien venant de Moscou et soupçonné de livrer des armes à Damas.
La Russie, l'un des soutiens du régime syrien qui bloque les projets de résolution du Conseil de sécurité le condamnant, a affirmé qu'il s'agissait d'équipements radar qui n'étaient pas interdits par les conventions internationales.
Moscou a également critiqué la demande d'Ankara de déployer des missiles Patriot de l'Otan le long de sa frontière avec la Syrie, déchirée depuis 20 mois par des violences, estimant que cela augmentait le risque de contagion du conflit.
Les ministres des Affaires étrangères de l'Alliance devraient sans surprise répondre positivement mardi à la demande turque formulée après la mort de cinq civils dans un village limitrophe atteint par des obus syriens, selon des sources diplomatiques.
Un délai de plusieurs semaines sera toutefois nécessaire pour la mise en place des batteries anti-missiles, selon un haut responsable américain.
Sur le terrain, l'artillerie et l'aviation bombardait les quartiers sud de Damas et sa banlieue, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le journal proche du pouvoir Al-Watan avait promis dimanche "l'enfer" à ceux qui songeraient à attaquer Damas. Lundi, il faisait état de nouvelles "opérations de qualité de l'armée" qui a tué de nombreux "terroristes".
Al-Watan évoque également Hama (centre), où semble s'ouvrir un nouveau front, avec des combats qui ont éclaté dimanche et des renforts militaires envoyés lundi, selon l'OSDH.
Pour le journal, "les groupes armés imposent depuis deux jours une grève générale aux commerçants par la force des armes".
Le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane, a expliqué à l'AFP que ces affrontements étaient "très significatifs car ils montrent que malgré le contrôle total de l'armée et des forces de sécurité sur la ville (après des manifestations monstres à l'été 2011), les rebelles sont parvenus à s'infiltrer".
A la lisière de la Turquie, au moins 12 personnes, dont huit rebelles jihadistes, ont été tués dans un raid aérien à Ras al-Aïn, selon l'OSDH.
Selon un bilan provisoire de l'OSDH, qui a recensé plus de 41.000 morts dans le pays en 20 mois de violences, 19 personnes ont été tuées lundi.