La Syrie reconnaît avoir abattu un avion F-4 turc, 96 morts dans les violences
AFP
Damas - Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté vendredi contre le président Bachar al-Assad à travers la Syrie, où 96 personnes ont péri dans les violences, dont 50 civils, 15 soldats et 26 partisans du régime dans une embuscade dans la province d'Alep (nord), selon un nouveau bilan de l'OSDH publié dans la nuit de vendredi à samedi.
La Syrie a reconnu avoir abattu vendredi un avion de chasse F-4 turc au large de ses côtes.
"Nous avons confirmé que la cible (du tir syrien) était un avion militaire turc qui a été touché par un coup direct après être entré dans l'espace aérien syrien. Il s'est écrasé en mer dans les eaux territoriales syriennes à environ 10 km des côtes de la province de Lattaquié (bien: Lattaquié)", a déclaré dans la soirée à l'AFP un porte-parole de l'armée syrienne, qui a requis l'anonymat.
Le porte-parole a ajouté que les radars syriens avaient détecté vendredi vers 11H40 (08H40) une "cible non-identifiée" ayant pénétré dans l'espace aérien syrien à grande vitesse et à basse altitude.
La défense anti-aérienne a alors reçu l'ordre d'ouvrir le feu, a-t-il ajouté.
A Ankara, le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a convoqué une réunion de crise avec le chef de l'état-major des armées et plusieurs ministres à Ankara après la disparition vendredi d'un avion de chasse turc près de la Syrie et il a affirmé ensuite que l'appareil avait été abattu par la Syrie.
Les recherches se poursuivent pour retrouver les deux pilotes de l'appareil, un avion d'attaque au sol F-4, selon des sources officielles turques citées par l'agence de presse Anatolie.
"La Turquie fera connaître son attitude définitive et prendra avec détermination les mesures qui s'imposent quand toute la lumière sera faite sur cet incident", a indiqué un communiqué des services du Premier ministre turc
Sur le terrain, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté pour ce nouveau vendredi de mobilisation, en particulier dans la province d'Idleb (nord-ouest), pour réclamer la chute du régime qui poursuit sa guerre contre la contestation pacifique et les rebelles armés assimilés à des "terroristes", selon l'OSDH.
Neuf civils, dont un enfant, ont été tués par des tirs sur des manifestations dans la région d'Alep (nord), selon l'OSDH.
Toujours dans la région d'Alep, à Darat Ezzat, la télévision officielle a annoncé la mort d'au moins 25 personnes, tuées par balles et mutilées par "des groupes terroristes armés". L'OSDH a évoqué pour sa part 26 "partisans du régime" tués dans une embuscade.
"Voici les chabbihas du régime d'Assad", affirme une personne filmant une vidéo de la scène, en référence aux miliciens pro-régime accusés de semer la terreur dans le pays depuis le début de la révolte.
Dans la province de Hassaka (nord-est), des manifestants ont dénoncé le "silence arabe et international en dépit (...) du massacre du peuple syrien".
Selon l'OSDH, plus de 250 personnes ont été tuées ces deux derniers jours.
Beaucoup plus d'efforts
Cette escalade de la répression et des combats empêche toujours le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) et du Croissant rouge syrien de se rendre à Homs (centre) pour évacuer des blessés et des civils.
Selon Abou Bilal, militant sur place, "70% des infrastructures de Homs ont été détruite".
Dans ce contexte, le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) a annoncé que plus de 1,5 million de personnes avaient désormais besoin d'une aide humanitaire en Syrie.
Sur le plan diplomatique, M. Annan a fait le point à Genève avec le chef de la mission des observateurs de l'ONU en Syrie, Robert Mood, sur l'avenir de la mission des observateurs, dont le mandat expire le 20 juillet mais dont les opérations sont suspendues depuis une semaine.
M. Mood s'est dit "loin d'être convaincu" qu'un plus grand nombre d'observateurs ou qu'une décision d'armer les observateurs modifient la situation.
M. Annan a souhaité pour sa part que l'Iran, allié de Damas, participe à une prochaine réunion sur la Syrie et a appelé la communauté internationale à augmenter la pression sur les parties engagées dans un conflit.
Il a expliqué qu'il n'était pas en mesure de dire si cette conférence pouvait avoir lieu le 30 juin à Genève, comme l'ont évoqué la France et la Suisse. Plusieurs capitales, dont Paris, ont jusqu'à présent refusé d'associer, comme le réclamait déjà la Russie, l'Iran aux conférences sur la Syrie.
A Moscou, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, dont le pays est un autre allié du régime syrien, a affirmé avoir signifié à son homologue syrien Walid Mouallem que Damas devait faire "beaucoup plus" d'efforts pour mettre en oeuvre le plan Annan.
Occidentaux et Russes sont à couteaux tirés sur le dossier syrien, les premiers réclamant un départ de M. Assad et des sanctions à l'ONU pour le forcer à appliquer le plan Annan et les seconds rejetant toute ingérence étrangère dans ce pays.
Le président russe Vladimir Poutine doit se rendre la semaine prochaine en Israël et en Jordanie pour défendre sa position sur les crises dans la région.