La colère monte en Bretagne face à l'hécatombe dans l'agroalimentaire
AFP
Brest - Après le séisme provoqué par la suppression de près de 900 emplois à l'abattoir Gad de Lampaul-Guimiliau (Finistère), les salariés de plusieurs entreprises agroalimentaires visées ces derniers mois par des plans sociaux se sont mobilisés lundi à Brest et Morlaix pour défendre leur secteur en pleine détresse.

Les manifestants ont d'abord bloqué un rond-point à l'entrée de l'aéroport, avant de se coucher sur le tarmac en silence pendant quelques instants. Quelques élus locaux étaient également présents.
Deux vols pour Paris au départ de Brest ont été annulés, ainsi qu'un vol en provenance de la capitale, selon le site internet de l'aéroport de Brest.
Les salariés du groupe volailler Doux portaient des affiches proclamant "Sauvez nos emplois et l'industrie" ou "Sauvez la filière avicole export". Ceux du volailler Tilly-Sabco, qui a annoncé récemment devoir réduire sa production de 40%, brandissaient de leur côté des pancartes "Nous voulons vivre", sous un drapeau breton.
Les manifestants se sont ensuite dirigés en opération "escargot" vers Morlaix, où une centaine de manifestants, dont des salariés de Tilly-Sabco et des éleveurs, bloquaient la RN12 en début d'après-midi dans les deux sens sur le pont de Morlaix, qui enjambe la ville, a constaté l'AFP, provoquant entre 1,5 et deux kilomètres de bouchon, selon un gendarme.
Outre les salariés présents à l'aéroport lundi, quelque 200 autres salariés bloquaient dans le même temps un rond-point à Landivisiau, près de l'entreprise Gad, selon FO.
"C'est toute la Bretagne qui souffre et particulièrement le Finistère", a estimé lundi matin Nadine Hourmant, déléguée FO du groupe Doux, qui s'est séparé de son pôle frais à l'automne dernier au prix de la liquidation d'un millier d'emplois. "Il n'y a pas que nous qui souffrons, il y a également beaucoup de petites boîtes", a-t-elle ajouté.
"Sonner le tocsin"
De son côté, Olivier Le Bras (FO) représentant syndical chez Gad, a assuré: "il y a deux ans déjà nous avons alerté les politiques de droite et de gauche quels qu'ils soient sur l'ampleur et le tsunami social qui allait nous arriver (...) il n'y a qu'une solution pour nous, c'est de se réunir, se renforcer et entrer en lutte".
"Tilly-Sabco a réduit son activité, ça déséquilibre complètement la filière", a jugé Jean-Luc Hervé président du groupement d'éleveurs Univol, un des groupements de Nutrea qui vend ses poulets à Tilly.
Depuis quinze mois dans la région, les mauvaises nouvelles ont frappé l'agroalimentaire, un secteur qui représente avec l'agriculture environ un tiers des emplois en Bretagne.
"C'est réellement une hécatombe qui est en train de se produire en Bretagne", a affirmé à l'AFP Corinne Nicole, porte-parole de la CGT du groupe volailler Tilly-Sabco. Elle a par ailleurs assuré qu'il fallait s'attendre au total à la suppression de 8.000 postes avec les emplois induits, en plus des réductions d'effectifs dans les quatre entreprises agroalimentaires, situées dans un rayon de 50 km.
"La Bretagne est en train de s'effondrer", a assuré Nadine Hourmant avant d'ajouter: "nous sommes cassés par nos emplois et pourtant on veut les garder parce qu'on a rien d'autre".
Samedi dernier, ce sont les acteurs économiques et agricoles de la Bretagne qui ont manifesté contre l'écotaxe qui doit entrer en vigueur au 1er janvier prochain, occasionnant de grosses perturbations routières dans la pointe bretonne.
La mobilisation continuera mercredi, avec Produit en Bretagne (PeB), qui regroupe quelque 300 entreprises et plus de 100.000 salariés, ainsi que l'Association bretonne des entreprises agroalimentaires (Abea) qui appellent leurs membres à "sonner le tocsin" en faisant résonner leurs alarmes incendie sur les lieux de travail, pour alerter sur la gravité de la situation.