La défense demande la prison avec sursis au procès Courjault

Reuters

Véronique Courjault, jugée pour avoir tué à leur naissance trois de ses enfants entre 1999 et 2003, a reconnu à la fin de son procès avoir pris conscience de son crime.

Henri Leclerc
Henri Leclerc
La défense a suggéré une peine de prison avec sursis total ou partiel assortie d'une obligation de suivi psychologique.

"Je voudrais dire que j'ai essayé d'expliquer comme je l'ai pu. Je suis consciente d'avoir tué mes enfants et ça me restera tout le temps", a-t-elle dit, en larmes, dans ses derniers mots à la cour.

La cour d'assises d'Indre-et-Loire, composée de trois magistrats et neuf jurés populaires, est entrée en délibérations en milieu de journée. Le verdict était attendu dans la soirée.

L'accusation demande dix ans de prison contre l'accusée, incarcérée depuis octobre 2006. La peine maximale encourue pour assassinats est la réclusion à perpétuité.

La défense a plaidé dans la matinée la clémence en invoquant les problèmes psychologiques de l'accusée et en soulignant que son mari et ses deux enfants, âgés de 12 et 14 ans, la soutenaient et attendaient son retour.

"Je vous le demande, votre condamnation doit être porteuse non de désespoir, mais d'espoir", a dit Henri Leclerc aux jurés.

"Nous sommes dans des mystères insondables. Le doute profite à l'accusée, rappelez-vous", a-t-il ajouté dans sa plaidoirie, soulignant que les experts ne concluaient pas avec certitude sur une éventuelle affection psychologique.

Il a suggéré une peine de cinq années de prison avec sursis et une mise à l'épreuve, avec un suivi psychologique obligatoire.

EN TOUTE CONSCIENCE

Mercredi, l'avocat général Philippe Varin avait demandé à la cour de retenir le scénario de crimes commis en toute conscience, par simple refus de maternité mais il a accepté les circonstances atténuantes en raison des problèmes psychologiques de l'accusée.

"Ce sont des faits d'une extraordinaire gravité. Ne diabolisez pas Véronique Courjault, mais n'en faites pas une icône", a-t-il dit.

Plusieurs autres cas de congélation de nouveau-nés tués ont été révélés en France depuis 2006. Une peine de huit ans de prison a été prononcée le 12 juin en Bretagne contre une femme jugée dans un dossier similaire.

Véronique Courjault reconnaît avoir étranglé à leur naissance trois enfants mis au monde en secret, l'un en France en 1999, deux en Corée du Sud en 2002 et 2003.

C'est la découverte à l'été 2006 des corps de ces deux derniers, conservés dans un congélateur, qui avait lancé l'enquête. Les experts psychologiques et psychiatriques sont partagés sur l'explication des mobiles du crime.

Certains pensent que l'accusée a agi sous l'emprise d'un phénomène psychologique relativement courant appelé "déni de grossesse", par lequel certaines femmes refusent inconsciemment d'être enceintes, mais la plupart l'écartent.


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