La fille du roi d'Espagne devant le juge, une première qui secoue la monarchie
AFP
Palma (Espagne) - La fille du roi d'Espagne, l'infante Cristina, est arrivée samedi au tribunal de Palma de Majorque, aux Baléares, pour s'expliquer devant un juge qui l'a mise en examen pour fraude fiscale, un rendez-vous judiciaire sans précédent pour une monarchie affaiblie.
Après avoir descendu en voiture la rampe d'accès menant au tribunal, l'infante, souriante, en veste noire et chemisier blanc, a brièvement salué les caméras de télévision avant d'entrer dans le bâtiment.
Assise sur un fauteuil de velours rouge, dans une salle d'audition dominée par le portrait officiel de son père, Juan Carlos, Cristina, 48 ans, a commencé à 09H00 GMT à répondre aux questions du juge José Castro, qui instruit ce dossier explosif.
Le magistrat la soupçonne d'avoir coopéré avec son mari, l'ancien champion olympique de handball Iñaki Urdangarin, mis en examen le 29 décembre 2011 et suspecté d'avoir détourné, avec un ex-associé, 6,1 millions d'euros d'argent public.
Comme elle y avait été autorisée exceptionnellement, pour des raisons de sécurité, l'infante a pu gagner en voiture le tribunal.
A l'écart du bâtiment cerné par la police, quelques dizaines de manifestants s'étaient rassemblés, portant des pancartes hostiles à la monarchie ou réclamant "justice".
"La justice n'est pas égale pour tous"
"La justice n'est pas égale pour tous", lançait Rafaela Garcia, une retraitée de 70 ans. "Il y a des gens qui souffrent beaucoup, qui gagnent 400 euros. Eux ont assez d'argent et on dirait qu'ils en veulent encore plus. S'ils ont une conscience, ils devraient comprendre qu'il y a des gens qui ne peuvent même pas payer les livres de leurs enfants".
Détaillée dans un arrêt de 227 pages, la mise en examen de l'infante est tombée comme une bombe: longtemps ultra-protégée, aujourd'hui assaillie par les scandales, la monarchie espagnole découvre qu'elle n'est plus intouchable.
A 76 ans, après 38 ans de règne, Juan Carlos montre le visage d'un roi fatigué, appuyé sur des béquilles après plusieurs opérations de la hanche.
Si "l'affaire Urdangarin" a amorcé il y a deux ans une chute catastrophique de son image, le scandale est venu aussi en 2012 d'une coûteuse escapade au Botswana, pour une chasse à l'éléphant qui a choqué une Espagne meurtrie par la crise.
Au point que le tabou est aujourd'hui levé sur une possible abdication au profit du prince Felipe, qui incarne à 46 ans l'espoir de la monarchie.
Empêtrée dans le scandale, la Maison royale espère maintenant en finir au plus vite avec ce que son chef, Rafael Spottorno, qualifiait publiquement de "martyre".
Flanqué du procureur anti-corruption Pedro Horrach et des avocats des différentes parties, le juge Castro devrait imposer à l'infante un interrogatoire détaillé.
"Avec la distance, je suis convaincu que la majorité des Espagnols verront clairement que l'infante est innocente", déclarait vendredi Jesus Maria Silva, l'un de ses avocats.
Au printemps 2013, une première mise en examen, pour trafic d'influence, avait été annulée à la demande du Parquet.
Le juge s'est alors orienté vers des soupçons de fraude fiscale et blanchiment de capitaux via la société Aizoon, que l'infante détient à 50% avec son époux et dont les caisses auraient été alimentées, pour environ un million d'euros, par de l'argent public détourné par ce dernier.
La comptabilité de Aizoon fait apparaître, à partir de 2004, des dépenses consacrées à la rénovation de la villa familiale à Barcelone, pour 436.703,87 euros, ou d'autres, privées, pour 262.120,87 euros.
José Castro a épluché toutes ces dépenses, dans un arrêt truffé de références à des factures suspectes, ponctué de touches d'ironie. Comme ce "cours de salsa et de merengue dispensé au domicile familial" dont le rapport avec les activités d'Aizoon "semble assez difficile à démontrer".
"Les délits contre le fisc qui sont reprochés à Iñaki Urdangarin auraient difficilement pu être commis s'ils n'avaient pas, pour le moins, été connus et approuvés par son épouse", concluait le juge.
Pour le Parquet au contraire, "il est impossible que la fraude atteigne le seuil des 120.000 euros" annuel, nécessaire pour constituer un délit en Espagne.
Après cette audition, le juge Castro devrait rapidement clore l'instruction ouverte en 2010: il pourra alors décider si "l'affaire Noos", du nom de la fondation à but non lucratif présidée entre 2004 et 2006 par Iñaki Urdangarin, débouche ou non sur un procès.
Assise sur un fauteuil de velours rouge, dans une salle d'audition dominée par le portrait officiel de son père, Juan Carlos, Cristina, 48 ans, a commencé à 09H00 GMT à répondre aux questions du juge José Castro, qui instruit ce dossier explosif.
Le magistrat la soupçonne d'avoir coopéré avec son mari, l'ancien champion olympique de handball Iñaki Urdangarin, mis en examen le 29 décembre 2011 et suspecté d'avoir détourné, avec un ex-associé, 6,1 millions d'euros d'argent public.
Comme elle y avait été autorisée exceptionnellement, pour des raisons de sécurité, l'infante a pu gagner en voiture le tribunal.
A l'écart du bâtiment cerné par la police, quelques dizaines de manifestants s'étaient rassemblés, portant des pancartes hostiles à la monarchie ou réclamant "justice".
"La justice n'est pas égale pour tous"
"La justice n'est pas égale pour tous", lançait Rafaela Garcia, une retraitée de 70 ans. "Il y a des gens qui souffrent beaucoup, qui gagnent 400 euros. Eux ont assez d'argent et on dirait qu'ils en veulent encore plus. S'ils ont une conscience, ils devraient comprendre qu'il y a des gens qui ne peuvent même pas payer les livres de leurs enfants".
Détaillée dans un arrêt de 227 pages, la mise en examen de l'infante est tombée comme une bombe: longtemps ultra-protégée, aujourd'hui assaillie par les scandales, la monarchie espagnole découvre qu'elle n'est plus intouchable.
A 76 ans, après 38 ans de règne, Juan Carlos montre le visage d'un roi fatigué, appuyé sur des béquilles après plusieurs opérations de la hanche.
Si "l'affaire Urdangarin" a amorcé il y a deux ans une chute catastrophique de son image, le scandale est venu aussi en 2012 d'une coûteuse escapade au Botswana, pour une chasse à l'éléphant qui a choqué une Espagne meurtrie par la crise.
Au point que le tabou est aujourd'hui levé sur une possible abdication au profit du prince Felipe, qui incarne à 46 ans l'espoir de la monarchie.
Empêtrée dans le scandale, la Maison royale espère maintenant en finir au plus vite avec ce que son chef, Rafael Spottorno, qualifiait publiquement de "martyre".
Flanqué du procureur anti-corruption Pedro Horrach et des avocats des différentes parties, le juge Castro devrait imposer à l'infante un interrogatoire détaillé.
"Avec la distance, je suis convaincu que la majorité des Espagnols verront clairement que l'infante est innocente", déclarait vendredi Jesus Maria Silva, l'un de ses avocats.
Au printemps 2013, une première mise en examen, pour trafic d'influence, avait été annulée à la demande du Parquet.
Le juge s'est alors orienté vers des soupçons de fraude fiscale et blanchiment de capitaux via la société Aizoon, que l'infante détient à 50% avec son époux et dont les caisses auraient été alimentées, pour environ un million d'euros, par de l'argent public détourné par ce dernier.
La comptabilité de Aizoon fait apparaître, à partir de 2004, des dépenses consacrées à la rénovation de la villa familiale à Barcelone, pour 436.703,87 euros, ou d'autres, privées, pour 262.120,87 euros.
José Castro a épluché toutes ces dépenses, dans un arrêt truffé de références à des factures suspectes, ponctué de touches d'ironie. Comme ce "cours de salsa et de merengue dispensé au domicile familial" dont le rapport avec les activités d'Aizoon "semble assez difficile à démontrer".
"Les délits contre le fisc qui sont reprochés à Iñaki Urdangarin auraient difficilement pu être commis s'ils n'avaient pas, pour le moins, été connus et approuvés par son épouse", concluait le juge.
Pour le Parquet au contraire, "il est impossible que la fraude atteigne le seuil des 120.000 euros" annuel, nécessaire pour constituer un délit en Espagne.
Après cette audition, le juge Castro devrait rapidement clore l'instruction ouverte en 2010: il pourra alors décider si "l'affaire Noos", du nom de la fondation à but non lucratif présidée entre 2004 et 2006 par Iñaki Urdangarin, débouche ou non sur un procès.