La langue française progresse grâce à l'Afrique, 40 ans de Francophonie
AFP
Paris - A l'occasion du 40e anniversaire samedi de leur organisation internationale, les francophones gardent le moral: la langue française que l'on dit souvent en déclin ne se porte pas si mal mais elle le doit principalement à l'essor démographique africain.
Pour le moment, le nombre de personnes parlant le français dans le monde est estimé à 200 millions, ce qui en fait, quantitativement, la 9e langue parlée dans le monde.
Sur ces 200 millions, la moitié (96,2 millions) vit en Afrique et ce continent est, de loin, le principal réservoir de progression.
L'alphabétisation croissante des Africains et leur dynamisme démographique permettent d'envisager 700 millions de francophones dans le monde en 2050, selon les projections.
Cependant, cet essor programmé est fragile car en Afrique le français est partout langue seconde: les enfants l'apprennent à l'école et non pas dans leurs familles. Un changement de politique au niveau de l'Etat peut réduire l'expansion du français.
"Le français n'est la langue maternelle que dans quelques pays: la France, la Belgique francophone, la Suisse romande, quelques provinces canadiennes dont le Québec, le Luxembourg, Monaco, soit quelque 75 millions de personnes", note M. Wolff.
Si l'évolution globale du nombre de locuteurs francophones est plutôt encourageante, la place du français dans les institutions internationales est en revanche en constant recul, au profit de l'anglais. Et notamment au sein de l'Union européenne.
"Moins d'un quart des documents de travail originaux arrivent en français contre la moitié il y a 20 ans", estime M. Wolff.
C'est pourquoi l'OIF bataille dans toutes les grandes instances pour que le multilinguisme, et donc le français, y soit respecté.
"Nous faisons agir des groupes d'ambassadeurs (de pays francophones) dans les enceintes internationales pour faire pression", indique Clément Duhaime, bras droit québécois du secrétaire général de l'OIF, l'ancien président du Sénégal Abdou Diouf.
L'OIF compte 56 Etats membres et 14 pays dits observateurs, soit 70 au total. Parmi les membres, 26 sont du continent africain, en incluant l'Afrique du Nord, à l'exception notable de l'Algérie.
Le soutien financier repose surtout sur la France, avec en seconde position le Canada et ses provinces francophones.
Si elle demeure l'irremplaçable colonne vertébrale de la Francophonie, la France, par souci d'équilibre, n'a jamais placé un de ses ressortissants à sa tête.
Avant M. Diouf, le précédent secrétaire général a été le diplomate égyptien Boutros Boutros-Ghali (1997 à 2002).
A l'origine, Paris était même réticent à voir se créer un "Commonwealth français", qui pouvait avoir un parfum d'empire colonial.
C'est le 20 mars 1970 que les fondations de la future OIF ont été posées à l'initiative des présidents Léopold Sédar Senghor (Sénégal), Habib Bourguiba (Tunisie), Hamani Diori (Niger) et du prince Norodom Sihanouk (Cambodge).
Mais bien avant, des écrivains (1926), puis des journalistes (1950), des universitaires, des parlementaires, etc..., s'étaient regroupés au sein d'associations, aujourd'hui fédérées par l'OIF.
Pour le 40e anniversaire, le maire de Paris Bertrand Delanoë vendredi et le président Nicolas Sarkozy samedi devaient recevoir chacun de leur côté M. Diouf et ses collaborateurs de l'OIF.