La presse britannique s'inquiète d'un scénario "à l'islandaise" pour le Royaume-Uni

Le Monde.fr/Pierre-Antoine Delhommais (avec AFP)

C'est maintenant officiel, l'économie britannique est en récession. L'Office national de la statistique (ONS) a annoncé, vendredi 23 janvier, que le produit intérieur brut (PIB) s'était contracté de 1,5 % au quatrième trimestre 2008, après un recul de 0,6 % au troisième.

Ce repli trimestriel est le plus important observé depuis 1980, dans les mois qui avaient suivi l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher. Sur l'ensemble de l'année 2008, la croissance a été limitée à 0,7 %, après 3 % en 2007.

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Tous les pans de l'économie sont très touchés. La production manufacturière a plongé de 4,6 % au cours des trois derniers mois de 2008, et le secteur des services, qui représente les trois quarts du PIB, s'est replié de 1 %. Les économistes britanniques attendent désormais une baisse du PIB de près de 3 % cette année, la pire depuis 1946.

Le principal moteur de la croissance, la consommation, a calé. Howard Archer, du cabinet IHS Global Insight, estime qu'il n'y a rien à attendre de ce côté-là, "entre un chômage qui augmente fortement", "un ralentissement des revenus, des prêts de plus en plus difficiles à obtenir, un marché immobilier déprimé", et "un prix des actions en très nette baisse".

Le premier ministre, Gordon Brown, a jugé, vendredi, que la durée de la récession "dépendrait du degré de coopération internationale" pour la combattre. Il a assuré que son gouvernement "combattrait cette récession avec toutes les armes dont il dispose".

L'arme monétaire, d'abord. La Banque d'Angleterre pourrait rapidement, comme l'a déjà fait la Réserve fédérale américaine (Fed), ramener ses taux jusqu'à zéro pour cent. Parallèlement, le gouvernement compte sur la dévaluation de la livre sterling, tombée vendredi à son plus bas niveau depuis vingt-quatre ans face au dollar, pour relancer les exportations.

Vers une assistance du FMI ?

L'arme budgétaire, ensuite : avec les plans de relance et de sauvetage des banques, le déficit public pourrait frôler en 2009 la barre des 10 % du PIB. Un dérapage qui commence à faire douter de la capacité du pays à pouvoir financer sa dette.

Le Financial Times a annoncé vendredi un dossier de week-end intitulé "Le Royaume-Uni peut-il faire faillite ?" Lundi, l'Evening Standard titrait "Islande-sur-Tamise", en référence à l'effondrement de l'économie islandaise, qui a reçu, fin 2008, l'assistance du Fonds monétaire international. Un scénario évoqué jeudi par le leader conservateur David Cameron pour le Royaume-Uni. "Ridicule", a répliqué M. Brown.


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