Le Japon annonce un taux de chômage record à deux jours des élections
AFP
Tokyo - Le taux de chômage au Japon a atteint en juillet le niveau record de 5,7% et la déflation s'est aggravée, a annoncé vendredi le gouvernement, à deux jours d'élections législatives qui devraient se solder par une victoire écrasante de l'opposition.
En juillet, le nombre de chômeurs dans la deuxième économie mondiale s'est envolé de 40,2% sur un an à 3,59 millions d'individus.
Toujours en juillet, on ne recensait au Japon que 42 offres d'emploi pour 100 demandes, le plus faible niveau jamais enregistré. Il y a un an, cette proportion était deux fois plus élevée (89 offres pour 100 demandes).
Frappées par la chute brutale des exportations pour cause de crise économique, les entreprises japonaises ont massivement licencié au cours des derniers mois et le marché du travail s'est fortement dégradé. A cela s'ajoute une précarisation croissante de l'emploi: plus d'un travailleur japonais sur trois est sous contrat de travail temporaire, intérimaire ou à temps partiel.
Le Japon a officiellement émergé, au deuxième trimestre 2009, de sa plus profonde récession depuis la Seconde guerre mondiale, son produit intérieur brut (PIB) ayant rebondi de 0,9% par rapport au trimestre précédent.
Mais la plupart des économistes s'attendent à ce que les conditions d'emploi restent mauvaises pendant encore de nombreux mois, certains prévoyant même qu'il dépassera les 6%, la production et les exportations restant à un niveau très bas même si leur chute semble s'atténuer quelque peu.
En juillet, les exportations japonaises n'atteignaient ainsi toujours qu'environ 60% de leur niveau moyen au cours de l'année qui avait précédé l'éclatement, en septembre 2008, de la crise financière mondiale.
"Le marché du travail ne cesse de se dégrader, ce qui déprime les consommateurs et conduit à un cercle vicieux pour l'économie. La demande intérieure est très faible, et la pression déflationniste devrait s'accroître", a commenté Naoko Ogata, économiste au Japan Research Institute.
En raison des capacités de production largement excédentaires par rapport à la demande, les prix à la consommation ont connu en juillet une chute record de 2,2% sur un an. Un chiffre qui confirme la gravité de la déflation, un phénomème pernicieux que le Japon a déjà connu entre 1997 et 2006. La consommation des ménages a, toujours en juillet, reculé de 2,0% sur un an.
Ces mauvaises statistiques concernant l'emploi, les prix et la consommation, tombent au plus mal pour le Premier ministre conservateur Taro Aso, confronté à la perspective d'une cuisante défaite aux législatives de dimanche.
Tous les sondages pronostiquent une victoire écrasante du Parti démocrate du Japon (PDJ) de Yukio Hatoyama, la principale force d'opposition, qui a promis de nombreuses mesures en faveur des familles, des chômeurs et des démunis.
Le Parti libéral démocrate (PLD) de M. Aso perdrait ainsi le pouvoir pour la première fois depuis 1955, si l'on exclut un bref intervalle de dix mois dans les années 1990.
"Le taux de chômage record est une mauvaise nouvelle pour le PLD, car la situation de l'emploi est un sujet toujours sensible pour les gens ordinaires", a estimé Masatoshi Sato, stratège chez Mizuho Investors Securities.