Le Kurdistan irakien élit son président et son Parlement
AFP
Erbil - La province autonome du Kurdistan irakien élisait samedi son président et son Parlement, qui devront affronter le défi d'un conflit territorial avec Bagdad autour de cette région riche en pétrole.
Hamdia alhousini
L'UPK et le PDK, les deux partis qui règnent en maîtres sur la politique régionale depuis plusieurs décennies, devraient sans surprise sortir vainqueurs des deux suffrages, mais affrontent des listes dissidentes résolues à mettre fin à leur hégémonie. Cette situation, inédite depuis le premier scrutin kurde en 1992, a donné lieu à une campagne électorale intense.
Devant les bureaux de vote, de longues files d'attente se sont formées dès l'ouverture alors que des Peshmergas, les forces de sécurité kurdes, fouillaient les électeurs par mesure de sécurité.
L'actuel président kurde et chef du Parti démocratique du Kurdistan (PDK), Massoud Barzani, ainsi que quatre autres candidats sont en lice pour la présidentielle. 24 listes, dont celle commune du PDK et de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK), du président irakien Jalal Talabani, concourent pour le scrutin législatif.
"C'est la première fois de ma vie que j'ai l'impression de participer à une élection où il existe plusieurs choix et une vraie concurrence", a affirmé à l'AFP Ziz Hassan, un ingénieur de 44 ans, devant un bureau de vote à Souleimaniyeh.
"Lors des précédentes élections les deux parties ne donnaient pas le choix aux électeurs", a-t-il ajouté, en référence au PDK et à l'UPK.
"Je vais voter pour la liste Goran car le système politique au Kurdistan a besoin de changement et de renouveau et d'une opposition parlementaire réelle et forte", a assuré Ziz Hassan.
La liste "Goran" (Changement en kurde), emmenée par l'ancien numéro deux de l'UPK, Noucherwan Moustapha, fait figure de principal challenger face au PDK et l'UPK, et a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille.
"J'espère que ce jour sera la début d'une compétition politique dans l'intérêt de notre peuple", a dit aux journalistes M. Moustapha après son vote à Souleimaniyeh.
La victoire de la liste commune "Kurdistania" de l'UPK et du PDK "est aussi claire que la lumière du soleil dans un ciel bleu azur", a en revanche lancé une électrice enthousiaste, Chilane Othman, 36 ans, dans un autre bureau de vote de Souleimaniyeh.
"Ce scrutin est une victoire pour le peuple kurde et pour le peuple irakien", a affirmé M. Barzani lors d'une conférence de presse à Salaheddine, au nord d'Erbil.
"Nous espérons que ces élections seront un premier pas dans la résolution des différends avec Bagdad", a-t-il ajouté.
Restant toutefois inflexible, il a ajouté en réponse à une question sur son programme en cas d'élection: "Je travaillerai pour récupérer les territoires disputés".
Bagdad et Erbil se disputent le contrôle de seize secteurs dans les provinces irakiennes limitrophes du Kurdistan, au premier rang desquels la ville de Kirkouk, dont le sous-sol regorge de pétrole et où réside une population mixte composée de Kurdes, Arabes, Turcomans et chrétiens.
Dans ces zones, plusieurs incidents graves, qui auraient pu déboucher sur des affrontements armés, ont eu lieu au cours des derniers mois entre les Peshmergas et l'armée irakienne.
Les résultats ne devraient pas être connus avant plusieurs jours. Les bulletins seront rassemblés à Erbil, puis envoyés à Bagdad pour y être comptés par la commission électorale.