Le Mexique en proie à un nouvel ouragan
AFP
Acapulco (Mexique) - La tempête tropicale Manuel qui sévit à l'est du Pacifique s'est transformée en ouragan et menace le Mexique déjà en proie à des tempêtes meurtrières qui ont fait au moins 80 morts depuis samedi, tandis que 58 personnes étaient portées disparues dans un glissement de terrain survenu mercredi dans le sud du pays.

L'ouragan, avec des vents pouvant aller jusqu'à 115 km/h, se trouvait dans la nuit à environ 30 kilomètres au sud-ouest d'Altata et à 165 km au sud-est de Los Mochis, a précisé le Centre national des ouragans américain (NHC), dans son bulletin de 00H01 GMT.
Frappé simultanément depuis samedi par Manuel sur sa côte pacifique et l'ouragan Ingrid côté Golfe, le Mexique a vécu ces derniers jours sous des pluies torrentielles qui ont provoqué un peu partout inondations et glissements de terrains meurtriers, et noyé routes, ponts et aéroports.
L'Etat du Guerrero, dont la capitale est la ville très touristique d'Acapulco, a été le plus touché par Manuel en début de semaine.
C'est dans cet Etat que se trouve La Pintada, un village de montagne de 400 habitants où 58 personnes sont portées disparues à la suite d'un glissement de terrain, "sans que l'on puisse préciser si elles se trouvent malheureusement sous la boue", a annoncé le président mexicain Enrique Peña Nieto mercredi.
Un peu plus tôt, le maire de la municipalité d'Atoyac, dont fait partie le village, Edilberrto Tabares, avait parlé d'au moins 18 morts. "L'école, la maternelle, l'église, ça a tout emporté", a raconté à l'AFP Ana Clara Catalan, 17 ans, qui, comme les autres survivants du village, a pu être évacuée par hélicoptère vers Acapulco.
"Plus de la moitié du village s'est écroulé, il ne reste que quelques maisons", renchérit sa tante.
A Acapulco même, dont les voies terrestres de sortie sont bloquées au moins jusqu'à vendredi, les problèmes d'approvisionnement ont aggravé le chaos: des milliers de personnes ont pillé mardi un centre commercial inondé, en ressortant avec de la nourriture, mais aussi des téléviseurs ou des réfrigérateurs.
Les cieux se sont finalement dégagés au-dessus de la célèbre station balnéaire de la côte pacifique, mais les intempéries ont cédé la place à une forte chaleur, rendant encore plus difficile la situation à l'aéroport, dans les files d'attente de touristes mexicains et étrangers qui attendent d'embarquer pour des vols vers la capitale.
Des tentatives de resquille ont provoqué des accès de colère et des bousculades, tandis que les militaires fournissent de l'eau aux touristes accablés par la chaleur. La grogne a encore grandi quand se sont formées des files plus courtes de touristes argentés qui ont pu réserver des jets privés.
"Il n'y a pas de nourriture, pas d'eau, pas de vêtements"
"Je demande au gouvernement que nous soyons tous traités de la même manière parce dans cette tragédie, la richesse et la pauvreté sont à égalité", a lancé à l'AFP Leonor Carretto, une infirmière de 45 ans, une petite fille fiévreuse dans les bras.
"Qu'il montrent que nous sommes égaux et qu'il laissent les rois cuire sous le soleil pendant seulement une heure. Nous sommes là depuis 16 heures et eux arrivent et partent immédiatement", a-t-elle encore fulminé.
Quelque 40.000 touristes mexicains et étrangers ont été piégés à Acapulco par Manuel. Quelque 5.000 d'entre eux ont pu quitter la ville grâce à un pont aérien, commercial et militaire, organisé par les autorités mardi. Les avions arrivent chargés de vivres et repartent remplis de passagers.
Les 26 décès enregistrés dans la ville sont survenus dans les zones périphériques, théâtres de glissements de terrain, d'effondrements de maisons ou de crues de rivières gonflées par les pluies torrentielles.
Plus de 1.000 habitants de ces zones, réfugiés sur les toits, ont été secourus par hélicoptère. Mercredi, ce qui inquiétait le plus était le manque d'eau et de nourriture dans les magasin locaux, même si l'armée a annoncé avoir déjà acheminé 60 tonnes de nourriture et 8.000 litres d'eau.
"Il n'y a pas de nourriture, pas d'eau, pas de vêtements, personne n'est venu nous tirer de là. Où est la protection des autorités?", s'indignait notamment America, une jeune femme de 28 ans.
Acapulco, qui n'est plus depuis longtemps la destination favorite des stars d'Hollywood, a quelque peu perdu de sa superbe et est parallèlement devenue une des villes les plus touchées par la violence des narcotrafiquants. Mais les vacanciers continuent de s'y rendre.
Ces derniers jours, il s'y maintenait une vie nocturne malgré la catastrophe et on continuait de manger, de boire et d'écouter de la musique à plein volume dans ses nombreux bars.