Le NPA, accusé d'"attiser la violence", mène la "lutte" dans les entreprises

AFP/Julie DUCOURAU

Accusé par l'UMP d'"attiser la violence", le NPA d'Olivier Besancenot, qui légitime les actions de salariés "menacés par la politique patronale", mène la "lutte" aux portes et à l'intérieur des entreprises.

Alors que les syndicats cherchent des débouchés aux mouvements de colère des salariés, le secrétaire général de l'UMP Xavier Bertrand voit dans leur radicalisation (séquestrations, saccage de la sous-préfecture de Compiègne) "l'action de certains manipulateurs d'extrême gauche" qui "n'ont qu'une seule volonté, attiser la violence".
Jeudi devant les employés de Molex à Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) où des dirigeants ont été séquestrés, Oliver Besancenot qui dénonce le "vocabulaire de guerre sociale" du gouvernement, a appelé à "une marche nationale sur Paris, en mai, de tous les salariés licenciés" dont les actions sont "légitimes" car ils sont "menacés par la politique patronale".
Ces dernières semaines, le facteur de Neuilly, désireux de reproduire le mouvement de grève générale de Guadeloupe en métropole, a également visité les "salariés en lutte" de Fulmen-Exide à Auxerre et les ouvriers de Toyota à Valenciennes.
Des déplacements devant les entreprises également pratiqués par Lutte ouvrière, le PCF et plus récemment le Parti socialiste.
Avec ou sans leur populaire chef de file, les militants NPA sont très présents aux portes et à l'intérieur des entreprises.
"Il est naturel que l'extrême gauche intervienne dans les entreprises, puisqu'elles constituent son terrain de prédilection", a déclaré à l'AFP Christophe Bourseiller, spécialiste de l'extrême gauche, relevant que le NPA est "surtout implanté dans les entreprises publiques" (Poste, SNCF, etc.).
"Depuis 2002, les nouveaux adhérents changent les caractéristiques de la population militante" de la LCR, puis du NPA avec une "augmentation forte des employés", "plus légère" d'ouvriers et "très significative des salariés du secteur privé", note Florence Johsua, doctorante au Cevipof.
"Cela se traduit par une évolution des interventions du parti dans les entreprises" notamment privées, profitant d'une implantation "dans des zones où la LCR n'existait pas", poursuit-elle, interrogée par l'AFP. La Commission nationale ouvrière (CNO) qui était "en sommeil" à la LCR a ainsi été réactivée.
Devenue avec le NPA "Commission d'intervention sur les lieux de travail" (CILT), elle mène un "travail de fond" avec la "volonté d'apparaître beaucoup plus régulièrement" dans les entreprises.
C'est devenu "une activité assez prioritaire" au NPA dont les actions vont "plutôt dans le sens d'une radicalisation et des aspirations de ce qui s'exprime à la base", explique-t-elle.
"On fait notre travail élémentaire qui est d'être totalement du côté des salariés qui luttent", répond Alain Krivine, figure historique de l'ex-LCR, jugeant que "ceux qui allument le feu, c'est Nicolas Sarkozy et Laurence Parisot" (présidente du Medef, ndlr).
"S'il y avait tellement de militants d'extrême-gauche dans toutes les boîtes, en ce moment, il y aurait sans doute autre chose" et une "vraie convergence des luttes", renchérit Sandra Demarcq du NPA dont la "grosse majorité (des adhérents) est syndiquée à la CGT" mais aussi à la FSU et Sud.
En mars, François Chérèque (CFDT) avait traité Olivier Besancenot et ses amis de "rapaces" qui "font le tour des entreprises en difficulté". Le NPA est "exactement dans son rôle de mouche du coche des syndicats modérés", juge Christophe Bourseiller.


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