Le Premier ministre Saad Hariri rentre au Liban en pleine crise politique

AFP

Beyrouth - Le Premier ministre en exercice Saad Hariri, de retour au pays vendredi, s'est engagé à collaborer "au maximum" avec le président Michel Sleimane à la formation d'un nouveau gouvernement, objet d'un véritable bras de fer entre les forces politiques rivales.

Saad Hariri
Saad Hariri
Le président doit entamer lundi des consultations avec les groupes parlementaires pour nommer un nouveau Premier ministre, après la chute du gouvernement provoquée par la démission mercredi des ministres du camp du puissant mouvement chiite Hezbollah.

M. Hariri, rentré au pays vendredi dans la journée après une semaine de consultations internationales, notamment à Washington, Paris et Ankara, s'est entretenu avec M. Sleimane avant de faire une déclaration retransmise à la télévision.

"Mes alliés et moi participerons aux consultations et coopérerons au maximum avec le président pour former un nouveau gouvernement conforme aux exigences de l'unité nationale", a-t-il déclaré.

"Je n'ai jamais cherché le pouvoir. Entre le pouvoir et la dignité de ma famille et de ma nation, je choisis la dignité du Liban et des Libanais", a-t-il insisté.

Cette nouvelle crise porte sur le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), chargé d'identifier et juger les responsables de l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri en 2005, une instance que le Hezbollah conteste en assurant qu'elle cherche à mettre en cause son mouvement.

Le Hezbollah, bête noire des Etats-Unis, fait depuis des mois pression sur Saad Hariri, fils de Rafic, pour qu'il désavoue le TSL, ce que ce dernier refuse.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, qui a prévenu qu'il ne resterait pas les bras croisés si des membres de son mouvement étaient mis en cause par le TSL, doit se prononcer prochainement sur la crise.

Dans son allocution, M. Hariri a accusé la formation chiite de refuser toute concession tout en tentant d'obtenir de lui "des sacrifices personnels et nationaux".

Le bras de fer entre le Hezbollah et le camp Hariri fait craindre une résurgence des violences et inquiète la communauté internationale.

L'ambassadrice des Etats-Unis au Liban, Maura Connelly, a appelé vendredi les forces politiques rivales à "faire preuve de retenue" et a rappelé que la chute du gouvernement n'arrêterait pas le TSL, "un processus judiciaire international irrévocable".

Selon un diplomate européen à Beyrouth, la France cherche à mettre en place un "groupe de contact" pour négocier une solution à la crise. Il "comprendrait la Syrie, l'Arabie saoudite, la France, les Etats-Unis, le Qatar et la Turquie et peut-être d'autres pays" et se réunirait hors du Liban, a-t-il dit.

Le président français Nicolas Sarkozy souhaite "une concertation internationale qui fait actuellement l'objet d'échanges et de réflexions entre la France et ses partenaires", s'est contenté de déclarer le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Bernard Valero.

Des responsables libanais ont aussi évoqué la possibilité de raviver la médiation de la Syrie, un allié du Hezbollah, et de l'Arabie saoudite, un soutien de M. Hariri.

Le Hezbollah a dit vouloir proposer comme Premier ministre un leader "connu pour son soutien à la Résistance" (Hezbollah, ndlr). "Nous nous réunirons dimanche pour prendre la décision appropriée", a déclaré à l'AFP le député Abbas Hachem, proche du Hezbollah.

Pour un conseiller de M. Hariri, Ghattas Khoury, c'est "un stratagème pour intimider Hariri (...) et le contraindre à accepter leurs conditions". "Il est demandé à Hariri de renoncer au tribunal et de rejeter l'acte d'accusation, avant même que ce dernier ne soit publié. Cela ne se produira pas".


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