Le déficit de la Sécu poursuit sa plongée, des mesures sont attendues
AFP
Paris - Le déficit de la Sécurité sociale poursuit cette année sa plongée à des niveaux historiques, à plus de 23 milliards d'euros pour le régime général, et il se creuserait encore de plus de 5 milliards en 2011 sans mesures du gouvernement, qui doit faire des annonces mardi.
C'est moins que les 26,8 milliards prévus en juin, grâce à une évolution plus favorable de la masse salariale. Mais même corrigé, ce déficit marque une dégradation sensible par rapport à 2009 (-20,3 mds), déjà à un niveau jamais atteint.
En 2011, si le gouvernement ne prenait pas de mesures nouvelles, le déficit s'aggraverait encore à 28,6 milliards pour toutes les branches confondues du régime général (maladie, vieillesse, accidents du travail, famille).
Ces chiffres sont à rapporter aux sommes considérables brassées par la Sécurité sociale : les recettes du seul régime général en 2010 sont ainsi attendues à plus de 320 milliards d'euros.
Si les dispositions prévues en 2011 pour la branche vieillesse ont déjà été largement présentées dans le cadre de la réforme des retraites, le gouvernement ne doit dévoiler qu'en fin d'après-midi ses intentions pour la branche maladie, qui est toujours la plus lourdement dans le rouge.
En 2010, son déficit atteindrait 11,5 milliards et il se creuserait ensuite à 14,5 milliards sans mesures nouvelles.
Selon des informations de presse, le gouvernement a tranché pour un plan d'économies d'environ 2,5 milliards d'euros, pour respecter le cap fixé par Nicolas Sarkozy, qui souhaite limiter +2,9% la hausse des dépenses de l'assurance maladie en 2011, alors que la tendance est à +4,4% selon la CCSS.
Les mesures évoquées dans la presse comprennent la baisse des prix de médicaments, des tarifs des radiologues et surtout, beaucoup plus sensible politiquement, le recul de certains remboursements.
Les médicaments remboursés à 35% par la Sécurité sociale - "vignettes bleues" - ne le seraient plus qu'à 30%.
A l'hôpital, après la hausse du forfait journalier l'an dernier, c'est le ticket modérateur (ce qui reste à la charge des patients) sur les actes médicaux qui devrait évoluer défavorablement.
Des mesures limiteraient aussi les cas de transports sanitaires pris en charge à 100% pour les patients en Affections de longue durée (ALD: cancer, diabète, etc).
La présentation des mesures, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), conduira à une prévision corrigée à la baisse pour 2011. La branche maladie, en particulier, pourrait voir sa prévision de déficit ramenée sous la barre de 12 milliards.
Pour le gouvernement, l'objectif n'est pas encore de viser un retour à l'équilibre, mais "de garrotter l'hémorragie et d'être en dessous si possible du niveau" de 2010, a confié dimanche le ministre du Budget François Baroin.
"Nous transmettons ce déficit à nos enfants", a déploré mardi sur France Info Jean-Martin Cohen-Solal, directeur général de la Mutualité française (quasi-totalité des mutuelles santé), et qui table sur une hausse de jusqu'à 10% du coût des complémentaires santé l'an prochain du fait des mesures du gouvernement.
L'association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir a déploré mardi la hausse du budget santé des ménages, de plus de 50% entre 2001 et 2008 selon une étude qu'elle a réalisé, du fait surtout du coût des complémentaires santé.