Le dernier rescapé du massacre de Tibéhirine rencontre le pape au Maroc

AFP

Rabat - Le père Jean-Pierre Schumacher, 95 ans et dernier survivant du massacre de Tibéhirine perpétré contre sept moines trappistes en 1996 pendant la guerre civile en Algérie, a rencontré dimanche le pape François en visite officielle au Maroc.

Pendant la célébration organisée à la cathédrale de Rabat, le souverain pontife s'est levé pour saluer et baiser la main du religieux qui se déplace principalement en fauteuil roulant.

"C'est très important, ça reste un souvenir", a confié le vieil homme à l'AFP après la cérémonie.

Frêle et courbé par l'âge, le père Jean-Pierre vit au monastère Notre-Dame de l'Atlas à Midelt, dans le centre du Maroc, où les trappistes se sont installés en 2000, quatre ans après le massacre de Tibéhirine en Algérie voisine.

Sept moines trappistes avaient été assassinés dans des circonstances toujours non élucidées, après avoir été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère de Notre-Dame de l'Atlas, sur les hauteurs de Médéa, en Algérie.

Seules leurs têtes décapitées avaient été retrouvées sur une route, deux mois plus tard. La thèse officielle avancée à l'époque par Alger décrivait un enlèvement puis un assassinat, revendiqués par des islamistes du Groupe islamique armé (GIA) en pleine guerre civile, mais des doutes subsistent sur la possible implication des services secrets militaires algériens.

Le père Amédée, qui était le seul autre moine rescapé, est décédé en 2008.

Le père Jean-Pierre, qui est devenu le prieur de la petite communauté de moines trappistes de l'Ordre cistercien dans l'Atlas marocain, avait déjà rencontré un pape, Jean-Paul II, mais sans avoir été présenté officiellement.

"Tout de suite après l'enlèvement des prêtres, je suis allé à Rome, j'étais invité pour participer à une fête de 2.000 jeunes religieux", se souvient-il.

"J'ai été invité à me présenter devant le pape, Jean-Paul II était déjà très fatigué, j'étais à genoux devant lui, il s'est baissé pour m'embrasser" et "j'ai compris qu'il ne savait pas qui j'étais", a-t-il dit en souriant à l'évocation de ce souvenir.

Les sept moines de Tibéhirine assassinés ont été béatifiés en décembre 2018 à Oran, en même temps que douze autre religieux, tués en Algérie durant la "décennie noire" de la guerre civile.


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