Le gouvernement veut l'arrêt des matches en cas de Marseillaise sifflée

AFP

Le gouvernement a affiché mercredi sa volonté de mettre à l'avenir immédiatement fin à un match en cas de sifflets contre la Marseillaise, au lendemain d'incidents avant France-Tunisie qui ont déclenché une tempête politique.

Le gouvernement veut l'arrêt des matches en cas de Marseillaise sifflée
Une telle mesure pourrait cependant être difficile à appliquer, ont averti des responsables du football mondial. "Il faut bien voir les modalités pratiques, avec 80.000 personnes à évacuer, ça peut poser problème", a estimé William Gaillard (UEFA).

Le président de la République, qui a jugé "scandaleux" que l'hymne national ait été copieusement sifflé mardi soir au Stade de France, a convoqué à l'Elysée mercredi matin le président de la Fédération française de football (FFF) Jean-Pierre Escalettes.

Après cette réunion, la ministre des Sports, Roselyne Bachelot, a indiqué que tout match avant lequel la Marseillaise serait sifflée serait "immédiatement arrêté", les ministres présents devant quitter le stade.

A l'Assemblée nationale, elle a ajouté qu'il ne devait plus y avoir "de matches amicaux avec les pays responsables, avec les pays concernés, pendant une période" à déterminer avec la FFF, s'attirant des huées à gauche.

Voyant dans ces incidents "quelque chose d'absolument insupportable", le patron de la fédération a toutefois relevé qu'annuler des matches nécessiterait des "garanties sécuritaires". "Le président a dit: +l'Etat assumera+", a-t-il souligné.

Le ministre de l'Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a pour sa part demandé au préfet de saisir la justice de tels délits. Et le parquet de Bobigny a annoncé dans la soirée avoir ouvert une enquête préliminaire pour "outrages à l'hymne national". L'enquête est confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), dépendant de la préfecture de police de Paris.

Le concert de réactions politiques a débuté dès mardi soir avec les condamnations UMP et PS. Mercredi matin, le Premier ministre François Fillon a regretté que le match n'ait pas été interrompu.

Le secrétaire d'Etat aux Sports, Bernard Laporte, est allé plus loin, recommandant de ne plus jouer de matches avec les ex-colonies ou protectorats français du Maghreb au Stade de France, mais "chez eux, ou alors en province".

Des propos "inadmissibles" pour Julien Dray (PS), tandis que Benoist Apparu (UMP) a déploré "une connerie".

La socialiste Ségolène Royal a plaidé pour davantage d'"éducation civique", tout en souhaitant "bon courage à ceux qui vont être chargés d'évacuer un stade avant qu'un match commence".

L'incident a relancé le débat sur l'intégration des populations issues de l'immigration, nombreuses en Seine-Saint-Denis, département où se trouve le stade.

Marie-George Buffet (PCF) a évoqué des gens qui "ne se sentent pas bien chez nous", tandis que le MRAP s'est inquiété d'"une déchirure" au sein de la société française.

Jean-Marie Le Pen (FN) a fustigé l'"échec" de "l'intégration de masses étrangères à notre culture". François Bayrou (MoDem) a reproché au gouvernement d'"en faire des tonnes", pour faire oublier la crise actuelle.

La Marseillaise avait déjà été sifflée lors des rencontres amicales France-Algérie (octobre 2001) et France-Maroc (novembre 2007).

S'indignant de sifflets "irresponsables", l'ambassadeur de Tunisie à Paris a appelé à "éviter les amalgames", et rappelé que les sifflets peuvent aussi être franco-français.

En mai 2002, Jacques Chirac avait ainsi quitté momentanément le Stade de France, la Marseillaise ayant été sifflée notamment par des Bastiais, avant la finale de la Coupe de France Lorient-Bastia.


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