Dans "La beauté et l'enfer" (Robert Laffont), le journaliste qui a osé briser l'omerta napolitaine et vit depuis quatre ans sous protection policière permanente, rassemble notamment des articles publiés de 2004 à 2009 dans des journaux du monde entier.

Il y raconte ses premiers pas dans la littérature, son métier de journaliste, réitère sa dénonciation des mafias et des trafics qui sévissent sur tous les continents et pas seulement dans sa ville natale de Naples.

Solitude, exil et reconnaissance internationale: Roberto Saviano raconte sa vie depuis la sortie de "Gomorra, dans l'empire de la Camorra" (Gallimard, 2007), vendu à plus de 1,2 million d'exemplaires en Italie et qui décrit l'empire de la mafia napolitaine.

Collaborateur de l'hebdomadaire italien L'Espresso et du quotidien La Repubblica, le journaliste dresse aussi une série de portraits graves et tendres d'hommes et de femmes qui incarnent pour lui la résistance, à des niveaux très divers: de Miriam Makeba, la voix légendaire du continent africain, décédée d'une crise cardiaque après être venue soutenir Saviano lors d'un concert en Italie en novembre 2008, à la journaliste russe assassinée Anna Politkovskaïa, en passant par deux stars aux prises avec le handicap physique, le footballeur Lionel Messi et le pianiste de jazz Michel Petrucciani, disparu en 1999.

Il parle encore de l'aventure du festival de Cannes 2008 et du Grand Prix du jury décerné au film "Gomorra" du réalisateur Matteo Garrone, adapté de son livre. Saviano est escorté dès sa descente d'avion par des policiers français. Il trouve Cannes vulgaire mais l'alchimie du festival "magique".

("La beauté et l'enfer" - Roberto Saviano - éditions Robert Laffont - 320 p. 21 euros)