«Le maire de New York exporte la pauvreté»

Libé

Depuis 2007, New York paie aux sans-abri des billets d'avion, sans retour, vers la destination de leur choix. En France, une famille aurait élu domicile à Granville. Le maire n'en revient toujours pas.

Michael Bloomberg, le maire de New York, a trouvé une méthode peu orthodoxe pour vider la «Grosse pomme» de ses sans-abri. Selon le New York Times, depuis 2007, la ville paie des billets d'avion, sans retour, vers la destination de leur choix aux SDF à l'unique condition qu'ils puissent justifier d'un hébergement assuré à destination.
Parmi les villes d'accueil figure le nom de Granville, selon Le Figaro. Une cité de 15.000 habitants, située sur les côtes du département de la Manche, où une famille -un couple et ses trois enfants- aurait trouvé refuge. Contacté par Libération.fr, le maire (DVG) Daniel Caruhel juge la démarche de son homologue new yorkais «scandaleuse».
Comment avez-vous eu connaissance de l'information selon laquelle une famille de sans-abri new yorkaise aurait reçu un billet pour Granville?
C'est un journaliste qui me l'a apprise. Sur le coup, je ne l'ai pas cru. J'ai immédiatement pensé à un canular. Il m'a alors envoyé par mail un article du New York Times. A sa lecture, il a bien fallu que je me rende à l'évidence.

Quel est votre sentiment sur la démarche du maire de New York, Michael Bloomberg?
Avec cette histoire, on assiste à l'exportation de la pauvreté. La façon de faire du maire de New York est à proprement scandaleuse. Il se débarrasse des SDF avec un cynisme aberrant. C'est une démarche que l'on peut rapprocher, En France, avec le renvoi sans ménagement en charters des immigrés sans papiers. C'est du même acabit.

Vous n'avez-eu aucun contact préalable avec la mairie de New York?
Non, aucun. Ce qui n'est pas normal. Nous prévenir aurait été la moindre des choses. Lorsque l'on a appelé l'ambassade des Etats-Unis, on nous a d'abord répondu que l'on se trompait, qu'il fallait avant vérifier l'information. Dans un deuxième temps, l'ambassade nous a répondu qu'elle n'était pas au courant. Nous n'avons pas de nouvelles de la famille depuis et aucune trace qui pourrait nous conduire vers elle.

Pensez-vous que la famille soit déjà en France?

On n'a pas eu à délivrer de certificat d'hébergement. On en arrive à la conclusion que soit ces personnes ne sont pas arrivées, soit qu'il pourrait s'agir de Français. Du moins, on peut supposer qu'elles aient la double nationalité et possède un passeport français. Si ces gens sont revenus, il est normal qu'ils souhaitent conserver l'anonymat pour une question de tranquillité. A l'inverse de New York, si la famille se présente à nous, on lui donnera une seconde chance. On fera ce qui est en notre pouvoir pour bien les accueillir à Granville.

Est-ce que la révélation de cette information a eu des conséquences pour la ville?
A la suite de l'annonce de cette information, j'ai dit que la ville accueillerait sans problème cette famille, puisqu'elle aurait un hébergement. Mais depuis, j'ai reçu un coup de téléphone d'un SDF du nord de la France pour me demander s'il pouvait venir. C'est problématique. Il ne faudrait pas que ça se multiplie. Car malheureusement, Granville ne peut avoir vocation à accueillir toutes les personnes sans-abri de France ou d'ailleurs.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :