Le président Saleh a signé l'accord de transfert du pouvoir à Riyad
AFP
Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a signé mercredi soir à Ryad un accord avec l'opposition parlementaire pour le transfert pacifique du pouvoir, qui a été rejeté par les jeunes protestataires à Sanaa.
Ali Abdallah Saleh
Des représentants du parti au pouvoir au Yémen et des partis de l'opposition ont ensuite signé un mécanisme d'application de ce plan, en vertu duquel M. Saleh doit quitter le pouvoir dans un délai de trois mois.
Le roi Abdallah d'Arabie a annoncé l'ouverture "d'une nouvelle page" dans l'histoire du Yémen, seule République de la péninsule arabique et l'un des pays arabes les plus pauvres.
M. Saleh s'est pour sa part engagé à "un véritable partenariat (...) avec l'opposition pour gérer les affaires du pays et reconstruire ce qui a été détruit" par dix mois de troubles.
Il refusait jusqu'à présent de parapher ce plan de sortie de crise signé en avril par l'opposition, et s'était rétracté à plusieurs reprises à la dernière minute.
S'il quitte effectivement le pouvoir, il sera le quatrième chef d'Etat arabe à être emporté par la contestation de la rue depuis le début du Printemps arabe il y a près d'un an, après ses pairs tunisien, égyptien et libyen. Mais il sera le premier à le faire en vertu d'un accord négocié.
Aux termes de l'accord, M. Saleh doit remettre le pouvoir pour une période intérimaire à son vice-président, Abd Rabbo Mansour Hadi, un homme de consensus, en échange de l'immunité pour lui-même et ses proches. Son fils aîné et ses proches contrôlent les principaux organes de la sécurité au Yémen.
M. Hadi devra procéder à la formation d'un gouvernement d'union avec l'opposition, qui sera chargé de superviser un dialogue national et d'élaborer une nouvelle Constitution.
Mais M. Saleh demeurera président à titre honorifique pendant une période de 90 jours, au cours de laquelle il ne pourra pas contester les décisions de son successeur.
A l'issue de ce délai, M. Hadi sera désigné président pour une période intérimaire de deux ans, au terme de laquelle des élections législatives et présidentielle seront organisées.
Mais les jeunes contestataires qui campent depuis neuf mois à Sanaa pour réclamer le départ du président ont rejeté cet accord, réclamant la traduction en justice du chef de l'Etat.
"Le comité d'organisation des jeunes de la révolution pacifique appelle à une manifestation monstre jeudi pour refuser" l'accord signé à Ryad, "qui ne nous concerne pas", a déclaré à l'AFP Walid al-Ammari, porte-parole des contestataires yéménites.
"Pas d'immunité pour le tueur", répétaient mercredi soir les manifestants massés sur la place du Changement à Sanaa, selon un correspondant de l'AFP.
Dans plusieurs quartiers de la capitale, les habitants sont demeurés terrés chez eux après la signature de l'accord, de crainte de nouvelles violences.
Des combats avaient opposé sans faire de victime à Sanaa les forces du président Saleh aux hommes d'un puissant chef tribal rallié à la contestation peu après le départ du président pour la capitale saoudienne mercredi matin.
La répression de la révolte populaire et les affrontements entre troupes rivales ont fait des centaines de morts depuis janvier.
M. Saleh a reçu un appel du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui l'a "remercié pour avoir répondu positivement aux efforts de l'ONU et à la résolution 2014", adoptée le 21 octobre et soutenant le plan du CCG, selon l'agence officielle Saba.
Il se rendra à New York pour y subir des soins médicaux après la signature de l'accord avec l'opposition, a affirmé mercredi le secrétaire général de l'ONU.