Le président de l'UE sous pression pour son baptême du feu

AFP

Bruxelles - Très discret depuis sa nomination, le président de l'UE Herman Van Rompuy passe jeudi un premier test important en organisant un sommet dominé par la crise grecque, qui va le voir sortir de l'ombre au moment où l'Europe est critiquée pour son manque de visibilité.

Herman Van Rompuy
Herman Van Rompuy
L'homme est attendu car une certaine confusion demeure autour de la mise en place des nouvelles institutions européennes avec une question toujours sans réponse: qui parle au nom de l'Union européenne?

Le sommet des chefs d'Etats et de gouvernements de l'UE prévu jeudi à Bruxelles est son idée. Il est attendu au tournant après avoir adopté un profil très bas depuis son entrée en fonction début décembre, au risque d'apparaître transparent, refusant notamment toute interview sur les sujets européens.

L'ancien Premier ministre belge de 62 ans, nommé à ce poste inédit créé par le traité de Lisbonne, a fait de la discrétion son viatique. Toute se passe comme s'il s'escrimait à corriger depuis ses débuts l'idée à ses yeux erronée qu'il serait président de l'Europe.

M. Van Rompuy s'en tient strictement au texte qui a fait de lui un président du Conseil européen, l'organe qui représente les dirigeants de l'UE à Bruxelles, chargé de stimuler leurs travaux et de rapprocher les points de vue.

Inconnu sur la scène européenne -- The Economist l'a qualifié de "Mister Nobody" --, ce chrétien-démocrate flamand n'en reste pas moins l'homme de la situation aux yeux de ses partisans.

"Quiconque est capable de gouverner la Belgique est capable de gouverner n’importe quoi", a dit de lui en forme de boutade l'ancien conseiller du président français François Mitterrand, Jacques Attali: "Je fais tout crédit à M. Van Rompuy pour y parvenir" à la tête de l'UE.

Jacques Delors, l'ancien président de la Commission européenne, parle aussi d'un "bon choix". Et l'historien de l'Europe Elie Barnavi, estime "qu'on se trompe lourdement" en le sous-estimant: "On n'a pas pris la mesure de cet homme qui est un homme politique de tout premier ordre".

Herman Van Rompuy, qui sait faire preuve d'autorité à huis clos, a jusqu'ici travaillé en coulisses en consultant les capitales. Et laissé la vedette à ses concurrents à la tête de l'UE, qui ont essuyé à leurs dépens les plâtres du traité de Lisbonne.

Ce fut le cas du Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero, parti très fort pour sa présidence tournante de l'UE en multipliant les initiatives, avant de subir deux revers qui l'ont coupé dans son élan.

Ses propositions controversées sur la gouvernance économique de l'UE -- avec l'idée des sanctions financières pour les Etats qui ne joueraient pas le jeu -- ont été sèchement rejetées, et il a subi l'humiliation de voir Barack Obama renoncer à un sommet avec l'Union européenne à Madrid.

Pour sa part, la chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, peine encore à convaincre à son poste. Elle a été éreintée par certains parlementaires pour son manque de visibilité lors du séisme à Haïti.

Reste le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, remis cette semaine en selle par l'entrée en fonction de sa nouvelle équipe. Les deux hommes se consultent chaque semaine et assurent officiellement que tout va bien entre eux. Mais la concurrence, sourde, n'en est pas moins réelle entre les deux hommes.

Van Rompuy, lui, "ne veut parler que lorsqu'il a quelque chose à dire", lance perfidement un fonctionnaire européen, à propos de la comparaison entre les deux responsables.


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :