Le prix Simone Veil décerné à la Camerounaise Aissa Doumara

Reuters

Paris - Emmanuel Macron a remis vendredi à Paris le premier “prix Simone Veil”, du nom de l’ancienne ministre et figure des droits des femmes décédée en 2017, à la Camerounaise Aissa Doumara, militante de la cause des femmes, notamment des survivantes de Boko Haram.

Ce prix “de la République française pour l’égalité femmes-hommes”, doté de 100.000 euros et appelé à distinguer chaque année une personnalité ou un collectif contribuant à faire avancer la cause des femmes dans le monde, a été décerné par le chef de l’Etat lors d’une cérémonie à l’Elysée, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes.

“Votre combat contre les mariages forcés et précoces, contre les violences sexuelles faites aux femmes, est un engagement de plus de 20 ans au service des femmes dans une région où l’aide que vous leur apportez est bien souvent une question de survie”, a déclaré Emmanuel Macron devant un immense portrait en noir et blanc de Simone Veil, qui oeuvra dans les années 70 à la légalisation de l’avortement en France.

Née en 1972, originaire du nord du Cameroun, Aissa Doumara est mariée sans son consentement à l’âge de 15 ans et poursuit malgré l’opposition de sa belle-famille ses études jusqu’à la fin du cycle secondaire.

En 1996, cette activiste, mère de trois enfants, cofonde une antenne de l’Association de lutte contre les violences faites aux femmes (AVLF) à Marouan, une ville de l’extrême-nord du pays.

Ce prix “pour moi c’est une interpellation à suivre les pas (de Simone Veil) et à transmettre notre héritage commun pour la cause des femmes aux générations futures qui doivent continuer la chaîne de défense des droits des femmes et des filles”, a dit Aissa Doumara en recevant son prix.

“Ce que nous faisons tous les jours, c’est de redonner goût à la vie, de restaurer tous les pouvoirs que (les femmes) ont perdu”, a-t-elle ajouté. “A toutes ces survivantes, les rescapées de Boko Haram, les femmes et les filles du monde entier, je dédie ce beau prix”.

Plus de 1.000 femmes, survivantes de viols et de mariages forcés, bénéficient de l’action de l’ALVF chaque année, selon l’Elysée.

Emmanuel Macron a fait de la question de l’égalité entre les femmes et les hommes la “grande cause nationale” de son quinquennat, dotant le secrétariat d’État à l’égalité femmes-hommes d’un budget global de 530 millions d’euros pour 2019, un “record”, souligne-t-on à l’Elysée.

Portée par Marlène Schiappa, une loi renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes a été adoptée en août 2018, créant entre autre un “outrage sexiste” pour réprimer le “harcèlement de rue” et allonge le délai de prescription pour les violences sexuelles commises sur les mineurs.

Un fonds de 120 millions d’euros par an a également été créé pour soutenir les “mouvements pour l’égalité femmes-hommes et féministes notamment du Sud”.


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