Le prix du roman Fnac à Gaël Faye pour son premier roman
AFP
Figure montante de la scène rap française, l'auteur-compositeur Gaël Faye pourrait également se faire un nom en littérature avec son premier roman, "Petit pays", unanimement salué par la critique et qui a décroché lundi le convoité prix du roman Fnac.
Le prix Fnac est un des prix littéraires qui entraînent des ventes très élevées (plus de 100.000 exemplaires en moyenne). Il précède aussi souvent d'autres récompenses. Sur huit ans, six prix du roman Fnac ont reçu par la suite un autre prix littéraire comme ce fut le cas l'an dernier pour Laurent Binet, également lauréat de l'Interallié.
Gaël Faye, 34 ans, était en lice face à quelques "pointures" de la littérature comme Andreï Makine, Laurent Mauvignier ou encore Luc Lang.
Publié chez Grasset, "Petit pays" est une plongée dans le quotidien insouciant d'un petit garçon de 10 ans, Gabriel, fils d'un couple franco-rwandais (comme l'est Gaël Faye) au début des années 1990 à Bujumbura.
Même si les parents se déchirent, c'est encore une époque heureuse au Burundi. On suit Gabriel faire les quatre cents coups avec sa joyeuse bande de copains. Ça chipe des mangues chez la voisine, ça crapote dans une vieille guimbarde abandonnée. On passe des chahuts de l'école française aux parties de pêche sur les berges du Cercle nautique où les hippopotames pataugent dans les eaux de l'immense Tanganyka.
Il y a cependant des fissures au paradis. Dans la ville, sous le calme apparent, une "lave venimeuse, le flot épais du sang" versé dans les massacres d'après l'indépendance entre Hutu et Tutsi est "de nouveau prêt à remonter à la surface".
A l'euphorie de la présidentielle de 1993, premier scrutin démocratique de l'histoire burundaise, succèdent d'inquiétants bruits de bottes, puis le fatidique coup d’État qui précipitera le pays dans le gouffre. Six mois plus tard au Rwanda voisin, le génocide emporte la minorité tutsi.
"La mort n'était plus une chose lointaine et abstraite. Elle avait le visage banal du quotidien. Vivre avec cette lucidité terminait de saccager la part d'enfance en soi".
Gabriel se découvre Tutsi, métis, Français... "+Petit pays+, c'est l'histoire de la fin de l'innocence, le paradis perdu", expliquait récemment à l'AFP Gaël Faye.
"En voulant construire une bulle autour de nous, nous avons souvent l'illusion que la violence ne nous atteindra pas", expliquait Gaël Faye. "Mais à un moment, cette lâcheté" ne fonctionne plus.
"Il faut prendre ses responsabilités", à l'image de la maman de Gabriel, qui partira au Rwanda, quitte à en perdre la raison, à la recherche de ses proches massacrés à la machette.
Gaël Faye a quitté Bujumbura en 1995 pour la région parisienne, laissant derrière lui une partie de sa famille et ses amis. Il vit aujourd'hui à Kigali après avoir été durant trois ans analyste financier à la City de Londres.
Son prix lui sera remis en soirée par l'écrivain américain Jonathan Franzen en marge de l'inauguration du premier Forum Fnac livres qui réunira jusqu'à dimanche plus de 100 auteurs français et étrangers au Carreau du Temple à Paris.
Gaël Faye, 34 ans, était en lice face à quelques "pointures" de la littérature comme Andreï Makine, Laurent Mauvignier ou encore Luc Lang.
Publié chez Grasset, "Petit pays" est une plongée dans le quotidien insouciant d'un petit garçon de 10 ans, Gabriel, fils d'un couple franco-rwandais (comme l'est Gaël Faye) au début des années 1990 à Bujumbura.
Même si les parents se déchirent, c'est encore une époque heureuse au Burundi. On suit Gabriel faire les quatre cents coups avec sa joyeuse bande de copains. Ça chipe des mangues chez la voisine, ça crapote dans une vieille guimbarde abandonnée. On passe des chahuts de l'école française aux parties de pêche sur les berges du Cercle nautique où les hippopotames pataugent dans les eaux de l'immense Tanganyka.
Il y a cependant des fissures au paradis. Dans la ville, sous le calme apparent, une "lave venimeuse, le flot épais du sang" versé dans les massacres d'après l'indépendance entre Hutu et Tutsi est "de nouveau prêt à remonter à la surface".
A l'euphorie de la présidentielle de 1993, premier scrutin démocratique de l'histoire burundaise, succèdent d'inquiétants bruits de bottes, puis le fatidique coup d’État qui précipitera le pays dans le gouffre. Six mois plus tard au Rwanda voisin, le génocide emporte la minorité tutsi.
"La mort n'était plus une chose lointaine et abstraite. Elle avait le visage banal du quotidien. Vivre avec cette lucidité terminait de saccager la part d'enfance en soi".
Gabriel se découvre Tutsi, métis, Français... "+Petit pays+, c'est l'histoire de la fin de l'innocence, le paradis perdu", expliquait récemment à l'AFP Gaël Faye.
"En voulant construire une bulle autour de nous, nous avons souvent l'illusion que la violence ne nous atteindra pas", expliquait Gaël Faye. "Mais à un moment, cette lâcheté" ne fonctionne plus.
"Il faut prendre ses responsabilités", à l'image de la maman de Gabriel, qui partira au Rwanda, quitte à en perdre la raison, à la recherche de ses proches massacrés à la machette.
Gaël Faye a quitté Bujumbura en 1995 pour la région parisienne, laissant derrière lui une partie de sa famille et ses amis. Il vit aujourd'hui à Kigali après avoir été durant trois ans analyste financier à la City de Londres.
Son prix lui sera remis en soirée par l'écrivain américain Jonathan Franzen en marge de l'inauguration du premier Forum Fnac livres qui réunira jusqu'à dimanche plus de 100 auteurs français et étrangers au Carreau du Temple à Paris.