Le promoteur d'une tour de 1 000 mètres à Dubaï suspend les travaux pour un an
Le Monde.fr/Grégoire Allix
Dubaï, temple de la démesure urbaine, est ébranlé par la crise financière et l'essoufflement du marché de l'immobilier dans le Golfe. Le promoteur Nakheel a annoncé, mercredi 14 janvier, qu'il devait retarder son projet le plus stupéfiant : la construction d'un gratte-ciel d'un kilomètre de haut. "Les travaux sur les fondations ne reprendront que dans douze mois", a indiqué la société.
C'est en octobre 2008, alors que se propageait la crise financière mondiale et que la Bourse de Dubaï venait de perdre un quart de sa valeur, que Nakheel avait annoncé ce projet de nouvelle tour de Babel. L'immeuble de bureaux et de logements devait s'élever en bord de mer, au milieu d'une nouvelle ville de 270 hectares censée incarner d'ici à 2020 "le coeur du nouveau Dubaï". Coût estimé : 30 milliards d'euros pour la seule tour, 115 milliards d'euros pour l'ensemble du projet.
500 employés licenciés
Mais l'opération est en partie financée par les ventes sur plans, donc avant même le début de la construction. Or, après des années de boom, les prix de l'immobilier ont reculé de 8 % à Dubaï au troisième trimestre 2008, d'après la société de consulting Colliers International, selon laquelle "personne ne s'attend à une reprise au premier trimestre 2009". Et, malgré l'appui de banques d'Abou Dhabi, le crédit se raréfie.
Fin novembre, Nakheel annonçait ainsi le licenciement de 15 % de son personnel, soit 500 employés, le ralentissement du chantier des "palmiers" et l'arrêt de projets comme la Trump Tower et les Palm Jumeirah's Gateway Towers.
Cette société n'est pas la seule à connaître des difficultés. En octobre, une autre compagnie étatique, Meraas, annonçait le lancement de Jumeirah Gardens, véritable ville dans la ville, une folie de 72 milliards d'euros comprenant trois tours de 600 mètres de haut. Deux mois plus tard, le promoteur arrêtait tout et revoyait ses plans pour "tenir compte du nouveau paysage financier mondial".
Pour le consultant Colliers, Dubaï est en train de passer d'un marché extrêmement spéculatif à une économie mature et de long terme. Ce revirement marque-t-il la fin d'un modèle d'urbanisme fondé sur la surenchère, dans une ville devenue en quelques années un centre international d'affaires et de tourisme ? Ce n'est pas certain : la tour Burj Dubaï est là pour le rappeler. Encore inachevée mais déjà la plus haute du monde, avec ses 780 mètres, elle poursuit sa progression. Son constructeur, Emaar, entretient le mystère sur sa hauteur finale.