Le sort de Theresa May occulte les élections européennes au Royaume-Uni
Reuters
Londres - Le sort de Theresa May a occulté jeudi les élections européennes au Royaume-Uni, un scrutin auquel les Britanniques ne pensaient pas devoir participer, trois ans après avoir majoritairement voté pour une sortie de l’Union européenne.
La Première ministre conservatrice, qui a échoué par trois fois à faire adopter depuis la mi-janvier l’accord de retrait négocié avec les Européens, a abattu sa dernière carte mardi en proposant des liens commerciaux plus étroits avec l’UE et la possibilité de voter sur l’opportunité d’un second référendum.
Son offre a cimenté un front du refus, allant des éléments les plus pro-Brexit de son Parti conservateur jusqu’à l’opposition travailliste, avec laquelle May a vainement tenté pendant six semaines de trouver un compromis.
Pour la plupart des commentateurs britanniques, ses jours au 10, Downing Street sont désormais comptés.
Citant des alliés de la Première ministre, le quotidien The Times écrit jeudi qu’elle annoncera la date de sa démission à l’issue de sa rencontre prévue vendredi avec Graham Brady, le président du Comité 1922, qui réunit l’ensemble des députés conservateurs à l’exception de ceux qui siègent au gouvernement.
Relayé par le Guardian, Graham Brady a confirmé que Theresa May pourrait bien annoncer sa démission ce vendredi. Dans le cas contraire, il a prévenu que son comité exercerait sans doute une “pression écrasante pour modifier les règles et organiser un vote de confiance”.
Theresa May a échappé le 12 décembre dernier à un premier vote de défiance déclenché par ses rivaux au sein du Parti conservateur. En vertu des règles actuelles de fonctionnement du parti, celles que le comité 1922 pourrait vouloir modifier, une nouvelle initiative de ce genre ne peut pas être relancée dans les douze mois suivant cette date.
A en croire son ministre des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, qui doit la rencontrer ce jeudi, la Première ministre sera toujours en fonction pour accueillir Donald Trump. Le président américain est attendu en visite officielle au Royaume-Uni le 3 juin.
“Theresa May sera Première ministre pour l’accueillir, et à juste titre”, a-t-il dit à la presse. Le secrétaire au Foreign Office a refusé de préciser ce qu’il prévoyait de dire à la cheffe de gouvernement lors de leur entrevue.
Theresa May, pour l’heure, a résisté à la fronde menée par nombre de membres de son cabinet. Mais elle a enregistré mercredi soir la démission d’Andrea Leadsom, sa ministre chargée des Relations avec le Parlement.
“Je ne crois plus que notre approche honorera les résultats du référendum”, écrit cette dernière dans sa lettre de démission. “J’ai toujours soutenu qu’un second référendum serait dangereusement conflictuel, et je ne peux pas soutenir ce gouvernement facilitant de plein gré une telle concession.”
Dans un communiqué, le gouvernement britannique a annoncé jeudi son remplacement par Mel Stride, député du Devon qui avait mené campagne contre la sortie de l’Union européenne.
POUR LE SUN, C’EST “TEAR-ESA” MAY
Selon The Sun, qui décrit une Première ministre littéralement assiégée à Downing Street, sept ministres auraient prévenu May qu’ils ne la soutiendront plus. Le quotidien tabloïd publie jeudi à sa une la photo en gros plan du visage marqué de la dirigeante conservatrice, les yeux rougis. Titrée “Tearesa” (jeu de mots mêlant larme - tear - et son prénom), cette une renvoie à celle de novembre 1990 consacrée au départ sous la contrainte de Margaret Thatcher.
Arrivée au pouvoir en juillet 2016 après la démission de David Cameron, l’ancienne ministre de l’Intérieur, dont le mandat correspond à l’époque la plus tumultueuse de l’histoire récente du pays, s’est engagée à quitter ses fonctions si les parlementaires approuvent l’accord de retrait négocié avec les Européens.
Elle est désormais soumise à une pression intense afin de fixer la date de son départ qui donnera le coup d’envoi d’une “primaire”.
Les statuts du Parti conservateur prévoient pour l’élection de son dirigeant une première série de votes au sein des élus du parti au Parlement. A chaque tour, le candidat ayant le moins de voix est éliminé. Le processus se répète jusqu’à ce qu’il ne reste plus que deux candidats. Il appartient alors aux adhérents du parti de trancher. En mars 2018, la formation conservatrice comptait 124.000 membres.
Le “Brexiter” Boris Johnson, son ancien ministre des Affaires étrangères d’ores et déjà candidat, est pour l’heure en le favori.
NIGEL FARAGE LOIN DEVANT
Dans l’immédiat, Theresa May doit pourtant gérer les élections européennes qui s’annoncent comme un désastre pour son Parti conservateur, déjà malmené aux élections municipales au début du mois.
Exploitant la colère, l’impatience et le sentiment de trahison de l’électorat “brexiter”, Nigel Farage, figure de proue du référendum de 2016, fait largement la course en tête avec son Parti du Brexit, lancé le mois dernier seulement mais crédité de 37% des intentions de vote dans un sondage YouGov publié mercredi.
Aux dernières élections européennes, en 2014, Farage et le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (Ukip) qu’il dirigeait alors étaient déjà arrivés en tête, mais avec 27% des suffrages.
Le Parti conservateur émerge seulement à la cinquième place, avec 7% des intentions de vote (contre 23% en 2014).
Le Parti travailliste, payant également ses divisions sur le Brexit, ne devrait pas faire beaucoup mieux. Avec 13% des intentions de vote (contre un score de 25% en 2014), il est distancé par les Libéraux Démocrates (19%) et talonné par les écologistes du Green Party (12%), deux partis favorables au maintien dans l’UE.
Aucune projection ne sera diffusée dans la soirée de jeudi et les résultats ne seront pas connus avant dimanche soir, quand les bureaux de vote auront fermé en Italie, dernier pays européen à voter.
Son offre a cimenté un front du refus, allant des éléments les plus pro-Brexit de son Parti conservateur jusqu’à l’opposition travailliste, avec laquelle May a vainement tenté pendant six semaines de trouver un compromis.
Pour la plupart des commentateurs britanniques, ses jours au 10, Downing Street sont désormais comptés.
Citant des alliés de la Première ministre, le quotidien The Times écrit jeudi qu’elle annoncera la date de sa démission à l’issue de sa rencontre prévue vendredi avec Graham Brady, le président du Comité 1922, qui réunit l’ensemble des députés conservateurs à l’exception de ceux qui siègent au gouvernement.
Relayé par le Guardian, Graham Brady a confirmé que Theresa May pourrait bien annoncer sa démission ce vendredi. Dans le cas contraire, il a prévenu que son comité exercerait sans doute une “pression écrasante pour modifier les règles et organiser un vote de confiance”.
Theresa May a échappé le 12 décembre dernier à un premier vote de défiance déclenché par ses rivaux au sein du Parti conservateur. En vertu des règles actuelles de fonctionnement du parti, celles que le comité 1922 pourrait vouloir modifier, une nouvelle initiative de ce genre ne peut pas être relancée dans les douze mois suivant cette date.
A en croire son ministre des Affaires étrangères, Jeremy Hunt, qui doit la rencontrer ce jeudi, la Première ministre sera toujours en fonction pour accueillir Donald Trump. Le président américain est attendu en visite officielle au Royaume-Uni le 3 juin.
“Theresa May sera Première ministre pour l’accueillir, et à juste titre”, a-t-il dit à la presse. Le secrétaire au Foreign Office a refusé de préciser ce qu’il prévoyait de dire à la cheffe de gouvernement lors de leur entrevue.
Theresa May, pour l’heure, a résisté à la fronde menée par nombre de membres de son cabinet. Mais elle a enregistré mercredi soir la démission d’Andrea Leadsom, sa ministre chargée des Relations avec le Parlement.
“Je ne crois plus que notre approche honorera les résultats du référendum”, écrit cette dernière dans sa lettre de démission. “J’ai toujours soutenu qu’un second référendum serait dangereusement conflictuel, et je ne peux pas soutenir ce gouvernement facilitant de plein gré une telle concession.”
Dans un communiqué, le gouvernement britannique a annoncé jeudi son remplacement par Mel Stride, député du Devon qui avait mené campagne contre la sortie de l’Union européenne.
POUR LE SUN, C’EST “TEAR-ESA” MAY
Selon The Sun, qui décrit une Première ministre littéralement assiégée à Downing Street, sept ministres auraient prévenu May qu’ils ne la soutiendront plus. Le quotidien tabloïd publie jeudi à sa une la photo en gros plan du visage marqué de la dirigeante conservatrice, les yeux rougis. Titrée “Tearesa” (jeu de mots mêlant larme - tear - et son prénom), cette une renvoie à celle de novembre 1990 consacrée au départ sous la contrainte de Margaret Thatcher.
Arrivée au pouvoir en juillet 2016 après la démission de David Cameron, l’ancienne ministre de l’Intérieur, dont le mandat correspond à l’époque la plus tumultueuse de l’histoire récente du pays, s’est engagée à quitter ses fonctions si les parlementaires approuvent l’accord de retrait négocié avec les Européens.
Elle est désormais soumise à une pression intense afin de fixer la date de son départ qui donnera le coup d’envoi d’une “primaire”.
Les statuts du Parti conservateur prévoient pour l’élection de son dirigeant une première série de votes au sein des élus du parti au Parlement. A chaque tour, le candidat ayant le moins de voix est éliminé. Le processus se répète jusqu’à ce qu’il ne reste plus que deux candidats. Il appartient alors aux adhérents du parti de trancher. En mars 2018, la formation conservatrice comptait 124.000 membres.
Le “Brexiter” Boris Johnson, son ancien ministre des Affaires étrangères d’ores et déjà candidat, est pour l’heure en le favori.
NIGEL FARAGE LOIN DEVANT
Dans l’immédiat, Theresa May doit pourtant gérer les élections européennes qui s’annoncent comme un désastre pour son Parti conservateur, déjà malmené aux élections municipales au début du mois.
Exploitant la colère, l’impatience et le sentiment de trahison de l’électorat “brexiter”, Nigel Farage, figure de proue du référendum de 2016, fait largement la course en tête avec son Parti du Brexit, lancé le mois dernier seulement mais crédité de 37% des intentions de vote dans un sondage YouGov publié mercredi.
Aux dernières élections européennes, en 2014, Farage et le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (Ukip) qu’il dirigeait alors étaient déjà arrivés en tête, mais avec 27% des suffrages.
Le Parti conservateur émerge seulement à la cinquième place, avec 7% des intentions de vote (contre 23% en 2014).
Le Parti travailliste, payant également ses divisions sur le Brexit, ne devrait pas faire beaucoup mieux. Avec 13% des intentions de vote (contre un score de 25% en 2014), il est distancé par les Libéraux Démocrates (19%) et talonné par les écologistes du Green Party (12%), deux partis favorables au maintien dans l’UE.
Aucune projection ne sera diffusée dans la soirée de jeudi et les résultats ne seront pas connus avant dimanche soir, quand les bureaux de vote auront fermé en Italie, dernier pays européen à voter.