Lelouch et Hollywood: une admiration mutuelle mais un rendez-vous raté
AFP
Los Angeles - Malgré l'amour profond de Claude Lelouch pour le cinéma américain et sa cote d'amour aux Etats-Unis après les deux Oscars remportés par "Un homme et une femme", le cinéaste n'a jamais pu concrétiser ses projets à Hollywood, "où l'on maltraite le cinéma d'auteur".

Claude Lelouch
"Après +Un homme et une femme+, Marlon Brando et Steve McQueen m'avaient appelé pour qu'on fasse un film tous les trois. Evidemment, c'était très excitant et je suis allé voir", se souvient-il. "Je suis resté une semaine avec Steve McQueen, avec qui j'ai passé des moments délicieux car il était un peu fou. Il me trimbalait dans Los Angeles en camion. J'adorais le personnage."
"Mais d'un côté j'avais Steve qui me disait: +On fait ce que tu veux, comme tu veux+, et de l'autre, il y avait Brando qui serrait les boulons", dit-il. "Et les deux producteurs qui géraient tout ça m'expliquaient toute la journée ce que le public voulait et attendait de McQueen et de Brando."
"Et là, d'un coup, j'ai découvert que je n'étais pas fait pour ce cinéma de compromission qui ne pense qu'au public", explique le cinéaste. "Moi ce que j'aime, c'est ne pas savoir où je vais. Découvrir le film quand il est fini et faire un cinéma qui parle plus au coeur des gens qu'à leur intelligence."
"Aux Etats-Unis, le cinéma d'auteur est maltraité. A part pour Woody Allen et les frères Coen, qui arrivent à imposer un certain nombre de choses, la préoccupation ce n'est pas l'auteur, c'est le public. Alors on passe commande à un auteur qui se met à quatre pattes devant le public", déplore-t-il.
L'histoire s'est répétée dans les années 90, quand Lelouch fut à deux doigts de porter à l'écran "L'Alchimiste", le roman de Paulo Coelho, pour la Warner.
"J'avais écrit une adaptation que Paulo adorait", se souvient-il. "Et puis les gars de la Warner m'ont dit: +On ne retrouve pas le bouquin, il faut que le public retrouve le bouquin+. J'ai vite compris et j'ai dit non gentiment."