Les "Contes de l'âge d'or": quatre portraits de la Roumanie de Ceausescu

AFP

Paris - L'absurdité des situations créées par la dictature communiste de Nicolae Ceausescu en Roumanie est au coeur des "Contes de l'âge d'or, un ensemble de quatre court-métrages ubuesques écrits et produits par le cinéaste Cristian Mungiu, qui sort en salles mercredi.

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Avec quatre réalisateurs âgés de 33 à 42 ans, Mungiu, Palme d'or à Cannes en 2007 pour "4 mois, 3 semaines et 2 jours", a composé un patchwork à la fois grave et humoristique en puisant dans les légendes urbaines, vraies ou inventées qui circulaient dans la Roumanie des années 70 et 80, où elles servaient d'exutoire à la brutalité et à la bêtise du régime.

Particulièrement réussie, "La légende de la visite officielle" raconte la préparation du passage d'un convoi officiel dans un village repeint et repavé pour l'occasion.

Les préparatifs qui mobilisent l'ensemble de la population sont chamboulés par l'arrivée sur place d'un émissaire du gouvernement. Les vaches, symbole d'opulence, sont remplacées par des moutons qu'il faut aller chercher au loin pour ne pas choquer un Indien qui se trouve dans la délégation officielle.

Mais le convoi ne passera jamais dans le village et les préparatifs dégénèrent en joyeuse pagaille qui se termine sur un manège de chaises volantes.

"La légende de l'activiste zélé" décrit une campagne d'alphabétisation, lancée au plus haut niveau de l'Etat, qui bute sur la résistance passive de la population d'un trou perdu, à l'écart de toute voie de communication. Mu par la volonté de mettre en oeuvre les directives du Parti afin de prouver la supériorité du système socialiste, l'activiste s'épuise à la tâche et devient la première victime de la campagne.

La débrouillardise et les problèmes de voisinage sont au centre de "La légende du policier avide", personnage dont la famille reçoit dans son petit appartement pour Noël un cochon vivant. Il faut trouver une solution pour l'abattre sans s'attirer d'ennuis...

Plus près du pouvoir et dans une ambiance où la tension et l'angoise prennent le pas sur le burlesque, "La légende du photographe officiel" tourne autour d'un cliché de Nicolae Ceausescu accueillant le président français Valéry Giscard d'Estaing. La photo nécessite une retouche pour que le premier ne paraisse pas s'abaisser devant un dignitaire du monde capitaliste.

"Une manière d'éviter le désespoir est de rire et de se moquer. Nous avons voulu capturer l'essence de cette période difficile à travers les légendes urbaines qui ont maintenu le moral des gens qui faisaient la queue pour acheter à manger", avait expliqué à Cannes en mai dernier Cristian Mungiu à l'AFP.

S'agissant d'une oeuvre collective, aucun des quatre courts-métrages n'est attribué à un réalisateur en particulier. Parmi eux, Constantin Popescu est aussi écrivain, Hanno Höffer également musicien. Les autres autres s'appellent Ioana Maria Uricaru et Razvan Marculescu.


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