"Les Echoués", le roman d'un reporter de guerre sur les migrants
AFP
Ex-reporter de guerre aujourd'hui à la tête de l'agence Capa Press, Pascal Manoukian signe un "roman "documenté" qui pousse le lecteur à s'identifier aux migrants dans leur "course d'obstacles entre désespérés": "Les Echoués".
"Si j'avais vu ma grand-mère, pouilleuse, à son arrivée en France, moi-même j'aurais eu peur (...) Mais en réalité ces gens sont de grands entrepreneurs", résume ce petit-fils d'une rescapée du génocide arménien, interrogé par l'AFP lors des rencontres du Prix Bayeux des correspondants de guerre qui se terminent dimanche.
Posé et souriant, le journaliste âgé de 60 ans y présentait son premier roman, sorti en août (éditions Don Quichotte), dont le titre fait désormais écho à la célèbre photo du corps du petit Syrien Aylan sur une plage de Turquie, parue en septembre.
Pascal Manoukian y campe quatre "exilés" dont les destins vont se croiser à Villeneuve-le-Roi, près de Paris.
Virgil le Moldave a quitté la misère de son pays en quête d'un avenir meilleur pour sa femme et ses enfants avant de voir mourir contre lui un des hommes entassés sous le plancher d'un camion où tous ont bien failli être asphyxiés.
Chanchal, le Bangladais de 19 ans, dont le nom signifie "sans repos", fait partie de ces jeunes qu'il est de tradition, dans son pays, d'envoyer en Occident pour sortir leur famille de la pauvreté entre deux catastrophes naturelles.
Assan a troqué son Coran pour un dictionnaire avant de fuir la Somalie avec sa fille de 15 ans, Iman, dont le prétendant a massacré le reste de la famille. Le pêcheur amoureux des paysages de son pays veut pour la jeune fille un monde où l'on ne coud pas le sexe des femmes dans un supplice imposé par la tradition. Assan et Iman ont parcouru 6.644 km en 370 jours, "traversant clandestinement six frontières et deux déserts", la jeune fille échappant de peu à la mort et au viol. Le Somalien cherche en vain les mots pour décrire leur traversée de la Méditerranée jusqu'à Lampedusa.
- Des oiseaux "migrateurs" -
Tous ont connu la violence des passeurs, qualifiés de "kapos" dans le roman. "Ma famille ayant subi un génocide, je sais qu'on ne peut pas faire de comparaison mais, oui, ce sont des déportés, volontaires même, ce qui ne facilite pas la fin de leur esclavage", commente le journaliste.
Au fil des pages, on sent la plume du globe trotteur, pour le moins observateur. Pascal Manoukian a sillonné la planète - dont la Somalie et le Bangladesh - entre 1975 et 1995. Chacun de ses personnages est une mosaïque extraite de rencontres sur le terrain.
Pour mieux faire comprendre cette expérience de l'extrême qu'est l'exil, cet amateur d'oiseaux compare les exilés à des "migrateurs".
Les pouillots siffleurs par exemple, avant de migrer du Rwanda vers l'Europe, veillent à doubler leur poids à 20 grammes, puis, pendant le voyage, à ne perdre qu'un gramme par nuit. "Chez les migrants aussi chaque gramme compte" pour survivre, écrit l'ex-rédacteur, photographe et reporter d'image.
Tout au long du roman, le cœur de la forêt fait figure d'îlot presque sûr dans un monde où les clandestins peuvent à tout moment être arrêtés ou tabassés. C'est un espace ou l'on peut enfin respirer, et même danser.
"Leur apparition dans notre quotidien est comme celui d'une biche que l'on aperçoit de l'autoroute", commente Pascal Manoukian.
L'autre rocher où se réfugier un temps dans ce livre où la violence n’annihile pas la douceur, c'est la solidarité. Celle des exilés entre eux parfois, mais aussi d'un Julien, un statisticien parisien qui décide, sur une suggestion de sa fille, d'aller à la rencontre de Virgil et Assan.
"La réalité a rattrapé le roman que j'ai bouclé en mars. Aujourd'hui les Julien se multiplient", note le journaliste faisant allusion au récent "petit élan de solidarité".
Posé et souriant, le journaliste âgé de 60 ans y présentait son premier roman, sorti en août (éditions Don Quichotte), dont le titre fait désormais écho à la célèbre photo du corps du petit Syrien Aylan sur une plage de Turquie, parue en septembre.
Pascal Manoukian y campe quatre "exilés" dont les destins vont se croiser à Villeneuve-le-Roi, près de Paris.
Virgil le Moldave a quitté la misère de son pays en quête d'un avenir meilleur pour sa femme et ses enfants avant de voir mourir contre lui un des hommes entassés sous le plancher d'un camion où tous ont bien failli être asphyxiés.
Chanchal, le Bangladais de 19 ans, dont le nom signifie "sans repos", fait partie de ces jeunes qu'il est de tradition, dans son pays, d'envoyer en Occident pour sortir leur famille de la pauvreté entre deux catastrophes naturelles.
Assan a troqué son Coran pour un dictionnaire avant de fuir la Somalie avec sa fille de 15 ans, Iman, dont le prétendant a massacré le reste de la famille. Le pêcheur amoureux des paysages de son pays veut pour la jeune fille un monde où l'on ne coud pas le sexe des femmes dans un supplice imposé par la tradition. Assan et Iman ont parcouru 6.644 km en 370 jours, "traversant clandestinement six frontières et deux déserts", la jeune fille échappant de peu à la mort et au viol. Le Somalien cherche en vain les mots pour décrire leur traversée de la Méditerranée jusqu'à Lampedusa.
- Des oiseaux "migrateurs" -
Tous ont connu la violence des passeurs, qualifiés de "kapos" dans le roman. "Ma famille ayant subi un génocide, je sais qu'on ne peut pas faire de comparaison mais, oui, ce sont des déportés, volontaires même, ce qui ne facilite pas la fin de leur esclavage", commente le journaliste.
Au fil des pages, on sent la plume du globe trotteur, pour le moins observateur. Pascal Manoukian a sillonné la planète - dont la Somalie et le Bangladesh - entre 1975 et 1995. Chacun de ses personnages est une mosaïque extraite de rencontres sur le terrain.
Pour mieux faire comprendre cette expérience de l'extrême qu'est l'exil, cet amateur d'oiseaux compare les exilés à des "migrateurs".
Les pouillots siffleurs par exemple, avant de migrer du Rwanda vers l'Europe, veillent à doubler leur poids à 20 grammes, puis, pendant le voyage, à ne perdre qu'un gramme par nuit. "Chez les migrants aussi chaque gramme compte" pour survivre, écrit l'ex-rédacteur, photographe et reporter d'image.
Tout au long du roman, le cœur de la forêt fait figure d'îlot presque sûr dans un monde où les clandestins peuvent à tout moment être arrêtés ou tabassés. C'est un espace ou l'on peut enfin respirer, et même danser.
"Leur apparition dans notre quotidien est comme celui d'une biche que l'on aperçoit de l'autoroute", commente Pascal Manoukian.
L'autre rocher où se réfugier un temps dans ce livre où la violence n’annihile pas la douceur, c'est la solidarité. Celle des exilés entre eux parfois, mais aussi d'un Julien, un statisticien parisien qui décide, sur une suggestion de sa fille, d'aller à la rencontre de Virgil et Assan.
"La réalité a rattrapé le roman que j'ai bouclé en mars. Aujourd'hui les Julien se multiplient", note le journaliste faisant allusion au récent "petit élan de solidarité".