Les Equatoriens votent dimanche sur la poursuite de la révolution socialiste

AFP/Hector VELASCO

Quelque dix millions d'Equatoriens sont appelés dimanche aux urnes pour choisir leurs représentants et élire leur président, à l'issue d'une campagne dominée par l'actuel chef de l'Etat Rafael Correa et sa révolution socialiste.

Mercredi, l'économiste de gauche a promis à des milliers de partisans rassemblés à Quito que rien n'arrêterait sa "révolution", en répétant le slogan également cher à son grand allié vénézuélien Hugo Chavez: "Cette révolution du peuple est en marche et rien ni personne ne l'arrêtera!"
Rafael Correa, 46 ans, élu en 2006 et largement favori -- 50% des intentions de vote au premier tour selon un sondage publié lundi -- a ainsi promis la poursuite des programmes sociaux initiés depuis son arrivée au pouvoir dans un pays où 38% de la population vit sous le seuil de pauvreté.
La crise économique mondiale a commencé fin 2008 à frapper l'Equateur, victime à la fois de la chute des cours du pétrole, principal produit d'exportation du pays et de l'effondrement des transferts d'argent par ses émigrés, qui représentent au moins 10% de sa population.
Le chômage atteint 8,6%, tandis que le sous-emploi touche 51,9% de ses 14 millions d'habitants.
Pour l'opposition, le gouvernement de Correa n'a pas su profiter de la manne pétrolière, et son administration a dilapidé les ressources de l'Etat, une mauvaise gestion qui rendra la crise encore plus sévère.
Le candidat milliardaire Alvaro Noboa, 58 ans, qui bénéficierait de 12% des intentions de vote, assure ainsi qu'il saura, contrairement à Rafael Correa, attirer les investisseurs étrangers et créer une classe moyenne majoritaire.
Mais les partisans du président présentent la crise venue de l'extérieur comme le produit du libéralisme prôné par ses détracteurs.
Rafael Correa a ainsi assuré que s'il était à nouveau élu dimanche, pour quatre ans, son gouvernement continuerait à promouvoir un modèle économique socialiste, au détriment du remboursement de la dette internationale équatorienne, représentant 19,7% du PIB (près de 10 milliards de dollars) et sur un tiers de laquelle il s'est déclaré en moratoire à la mi-décembre.
"D'abord les nôtres, d'abord le social et après le service de la dette", a souligné mercredi le président équatorien.
Face à ses slogans, l'opposition, exsangue, a aussi et surtout dénoncé sa mainmise sur les médias, une campagne qu'elle juge "immorale, au cours de laquelle un candidat président a utilisé toutes les ressources de l'Etat", selon les termes de l'ex-président Lucio Gutierrez, 52 ans, en deuxième position dans les sondages avec 16% des intentions de vote.
Rafael Correa, qui a souvent affirmé que les médias équatoriens étaient corrompus et médiocres, a créé depuis son arrivée au pouvoir une radio et une télévision d'Etat et une émission hebdomadaire où il détaille ses décisions, ainsi que plusieurs journaux.
"Il a fait de la propagande", dénonce Lucio Gutierrez: "Il a disposé de 998 minutes d'interview pour faire campagne, tandis que les autres ont eu, tous ensemble, 164 minutes".
Une réélection du président socialiste marquerait une certaine stabilisation du pays, alors qu'entre 1996 et 2006, ses trois prédécesseurs ont été renversés sans pouvoir achever leur mandat.


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