Les arabes doivent agir, et non pas attendre Obama

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Washington –Parce que les attentes sont si grandes à travers tout le Moyen-Orient et le changement si nécessaire, tous les regards seront tournés ces deux prochains mois vers le président élu Barak Obama dans l’attente de ses premières décisions politiques. Mais justement, parce que la nécessité d’un changement est si pressante, je crois que les dirigeants arabes devraient être plus que de simples spectateurs dans cet intervalle délicat de la transition, particulièrement par rapport aux efforts visant une paix israélo-palestinienne.

Les arabes doivent agir, et non pas attendre Obama
Les méfaits de la politique négligente et imprudente de l’administration Bush au cours de ses huit ans de mandat sont trop évidents. La nation palestinienne est en désarroi et ses dirigeants divisés, physiquement – les uns à Gaza et les autres en Cisjordanie - et idéologiquement.

La Bande de Gaza, sous contrôle du Hamas, se trouve dans un goulet d’étranglement à cause de l’embargo qui lui est imposé et à cause des attaques de roquettes et des assauts israéliens qui ponctuent les périodes de trêve éphémères. La Cisjordanie, elle, s’asphyxie, lentement, du fait de l’afflux grandissant et continuel de colons, de la présence humiliante de centaines de postes de contrôle qui y font intrusion et d’un mur ou d’une barrière oppressante qui serpente le long des terres palestiniennes.

Les chemins choisis par chacun des dirigeants palestiniens, bien que contraires, sont tous deux mauvais. Le Hamas a fait de la « résistance » sa religion, ce qui n’a rien apporté de bon aux Palestiniens si ce n’est un cortège de morts et de privations, un sentiment d’insécurité en Israël et donc le renforcement des mesures répressives de la part de ce pays.

Quant au choix de l’autorité palestinienne de respecter son engagement dans les négociations, bien que louable, il est désormais dénué de sens puisque négocier sans avoir de moyen de pression (et sans avoir le contrôle de l’entité pour laquelle on négocie) devient un exercice inutile.

Barak Obama a affirmé plus d’une fois qu’il ferait de la paix au Proche-Orient sa priorité et qu’il y mènerait une politique différente de celle de son prédécesseur. Cependant, lorsqu’il prêtera serment le 20 janvier prochain, il va probablement trouver ce dossier, avouons-le franchement, rébarbatif.

Si aucun changement ne survient au Proche-Orient dans les deux mois à venir, la nation palestinienne demeurera divisée, les Israéliens n’auront toujours pas de gouvernement et de majorité nette (les élections doivent s’y dérouler le 10 février prochain et tout semble indiquer que les Israéliens auront pour alternative la victoire du conservateur Benjamin Netanyahu ou la reconstitution d’une coalition centriste qui manque de consistance).

Donc, la question à se poser avant que la nouvelle administration prenne les rênes du pouvoir en Amérique est la suivante: peut-on faire quoi que ce soit, et si c’est le cas, par où faut-il commencer ?

A mon avis, on peut prendre quelques mesures, du moins du côté arabe, pour faire de l’ordre avant le 20 janvier. Les dirigeants de cette région du monde devraient mettre à profit ces deux mois de transition et utiliser ce lapse de temps de façon intelligente.

La première priorité est de parvenir à réconcilier les Palestiniens et de les aider à mettre sur pied un gouvernement opérationnel et uni, inspirant à la fois le soutien du peuple et le respect de la communauté internationale. Cela demandera plus qu’une simple révision des accords de la Mecque.

Le projet d’accord qui circule en ce moment au Caire propose une structure utile, se concentrant sur la reconstruction d’un gouvernement consensuel et d’une force de sécurité locale, formée et soutenue par des Arabes.

L’accord des dirigeants palestiniens des deux bords est essentiel, mais n’a été que trop vague jusqu’à présent. Au lieu de proférer des menaces de sanctions plutôt vides de sens ou « de se traiter de tous les noms » comme c’est le cas actuellement, les dirigeants arabes devraient imaginer des moyens d’inciter les uns et les autres à s’accepter.

Ce dont la Cisjordanie et la Bande de Gaza ont besoin de toute évidence c’est la création d’emplois, des projets d’infrastructure et de développement des compétences, ainsi que des projets d’aide immédiat. Les Arabes participent effectivement aux efforts internationaux pour subventionner le budget de l’Autorité palestinienne, mais cette aide sert tout juste à maintenir le statut quo, inacceptable.

Pour aller de l’avant, je proposerais la création « d’un fond incitant à la paix et à la réconciliation », gigantesque, de plusieurs milliards de dollars, qui permettrait une aide immédiate tout en étant un investissement créateur d’emploi – tout cela une fois que les parties seront parvenues à un consensus dans le genre de celui du projet d’accords du Caire.

En fait, le fond aurait pour but d’aider le peuple palestinien tout en faisant pression sur ses dirigeants divisés pour les inciter à se mettre d’accord sur la constitution d’un nouveau gouvernement, qui avec le soutien des pays arabes, serait prêt et capable de faire la paix.

Par ailleurs, la Ligue arabe au lieu de simplement réaffirmer son plan de paix de 2002 et de 2007 ferait mieux de l’étoffer. Elle pourrait par exemple, apporter de plus amples précisions sur les types d’incitations financières et/ou commerciales qui accompagnerait la paix finale et/ou la normalisation.

Du même coup, cela permettrait un enchaînement graduel des étapes (par exemple, signature d’un accord-cadre israélo-palestinien : première étape ; retrait des colonies et des points de contrôles conformément à cet accord : deuxième étape et ainsi de suite).

Le projet d’accords arabe a suscité l’intérêt non seulement de la nouvelle administration américaine mais aussi de nombreux politiciens israéliens. Par conséquent, le fait d’apporter plus de précisions à propos des avantages et de la vision liés à la paix finale serait grandement bénéfique.

Outre la date du 20 janvier prochain à laquelle Barak Obama prêtera serment en tant que 44ème président des Etats Unis d’Amérique, deux autres échéances approchent rapidement. Les Palestiniens doivent parvenir à un accord d’ici le 9 janvier, date officielle de la fin du mandat du président Mahmoud Abbas, sinon la situation déjà précaire de la Palestine pourrait se dégrader et devenir plus violente. Quant au 10 février, date des élections en Israël, elle est tout aussi importante.

Un mouvement rapide vers l’obtention du consensus palestinien et vers une version élargie et améliorée de l’initiative de paix arabe enlèvera à la fois les dangers que représente la première date tout en ayant un effet positif sur la seconde.


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