Les droits de la femme : entre théorie et pratique
CGNew/Hdhod-Marrkech
Islamabad – Ces dernières années, le gouvernement pakistanais semble avoir fait des progrès en matière de protection des droits de la femme. Grâce à l’article 25 de la Constitution et à l’adoption de la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), le gouvernement pakistanais a promis aux Pakistanaises, privées de leurs droits civiques, l’accès à l’aide sociale, au logement, à l’éducation, à un niveau de vie satisfaisant et aux soins de santé.
Au contraire, ces femmes continuent de se heurter à d’incroyables difficultés. La conséquence la plus dévastatrice du sous-développement, quelle que soit la société concernée, est un taux de mortalité élevé. Au Pakistan, les taux de mortalité infantile et maternelle sont plus élevés que dans de nombreux pays en développement d’Asie et d’Afrique. Le nombre de décès maternels qui pourraient être évités est un indice de la plus grande injustice sociale de discrimination contre les femmes et une violation des droits de la femme.
Au Pakistan, les femmes sont victimes de certains des plus abominables crimes que l’on puisse imaginer, y compris d’attaques à l’acide et de meurtres pour l’honneur. A titre d’exemple, dans certains villages pakistanais, si une femme tente de se marier de son plein gré, elle est perçue comme ayant porté le déshonneur sur sa famille et il se peut même qu’elle soit assassinée. Aucune question n’est posée, même si des lois interdisent cette pratique.
Depuis pas mal de temps maintenant, la Commission pour les droits de l’homme du Pakistan et un nombre incalculable d’ONGs militent en faveur des droits de la femme. Le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) estime à 5000 le nombre total dans le monde et par an de victimes de crimes d’honneur, bien qu’aucun chiffre officiel ne soit disponible au Pakistan concernant la fréquence de cette pratique.
Le Pakistan a récemment adopté des lois visant à lutter contre la violence domestique, parmi celles-ci la loi sur la Protection des femmes (amendement au droit pénal) de 2006, mais elles n’ont guère permis de traduire les auteurs de crimes en justice. Naheeda Mehboob illahi, substitut du procureur général et spécialiste du droit de la famille, récemment promue juge de la Cour suprême, a reconnu que les lois n’étaient pas fidèlement appliquées, ce qui explique pourquoi, dans de nombreux cas, le motif n’est pas établi et le meurtre qualifié d’’’accident’’.
Si les crimes d’honneur attirent plus l’attention dans les médias, d’autres coutumes sociales portent aussi un grand préjudice aux femmes. Pait likkhi qui signifie littéralement ‘‘ écrit sur le ventre’’, est l’une de ces coutumes où une fille et un garçon sont promis l’un à l’autre avant leur naissance ou alors qu’ils sont tout jeunes adolescents.
La loi islamique, quant à elle, prévoit qu’un mari doit être en mesure de subvenir aux besoins de sa femme et que les époux doivent consentir au mariage sans tenir compte de leur propre volonté.
Malgré l’adoption en 1929, pendant la période de domination britannique, de la loi Child Marriage Restraint Act venant interdire le mariage d’enfants, les coutumes tribales et les traditions prévalent encore et les autorités ignorent souvent ces lois car des lords moyenâgeux mais influents sont impliqués dans ces pratiques.
Swara et vani représentent également des mariages d’enfants où des jeunes filles sont mariées de force à des membres de différents clans afin de mettre un terme aux querelles. Les tribunaux pakistanais ont commencé, récemment, à s’attaquer à cette pratique illégale et ont tenté d’agir pour y mettre fin. Mais une fois de plus, les personnes impliquées semblent dotées d’un pouvoir à la fois social et politique.
Watta satta engendre un problème semblable. A l’heure du mariage, les deux familles échangent les mariées. En effet, pour qu’un père ‘‘case’’ son fils, il doit aussi avoir une fille à donner en mariage à un membre de la famille de la mariée. Cette pratique montre que les femmes sont traitées comme de la marchandise et non comme des être humains.
Ces pratiques doivent cesser. La question est quand et comment. Il y a deux solutions aux obstacles que rencontrent les femmes au Pakistan et elles doivent émaner de ceux qui sont au pouvoir et des femmes elles-mêmes.
En premier lieu, il faut que les législateurs ouvrent les yeux, qu’ils reconnaissent la situation dans laquelle se trouvent les femmes pakistanaises et qu’ils prennent des mesures efficaces pour empêcher que ne se produisent ces injustices. Ensuite, ils doivent s’assurer que les lois existantes sont parfaitement et correctement appliquées.
En outre, l’accès à tous les niveaux d’éducation est crucial pour donner aux femmes le pouvoir de participer à la vie économique, sociale et politique de leur communauté. A cet effet, le gouvernement doit se concentrer tout particulièrement sur l’éducation des femmes.
L’éducation est le facteur clé dans la prospérité et le développement d’un pays. Elle ouvre le potentiel des femmes et s’accompagne de progrès en matière de santé, de nutrition et de bien-être de la famille ainsi que d’un avenir meilleur et plus prometteur pour les générations à venir.