Les écrivains francophones étrangers prophètes à Paris
AFP/Dominique CHABROL
Coup double! En décernant en novembre 2008 ses deux principaux prix, le Goncourt et le Renaudot, à deux écrivains francophones d'origine étrangère, le monde littéraire français a confirmé son intérêt pour des auteurs venus d'ailleurs qui ont en commun la langue française.
Un doublé dans la continuité d'une tradition d'ouverture, qui remonte pratiquement aux origines des prix littéraires.
L'Afghan Atiq Rahimi a obtenu le Goncourt pour "Syngué sabour", son premier roman écrit directement en français. Et le Guinéen Tierno Monénembo le Renaudot pour son "Roi de Kahel", dans lequel il revisite l'histoire coloniale.
Un succès salué par les francophones du monde entier, après un cru 2006 qui n'avait pratiquement consacré que des francophones d'origine étrangère.
Jonathan Littell, bien sûr, premier Américain à recevoir le Goncourt, pour "Les Bienveillantes", dont la version anglaise parait ces jours-ci aux États-Unis après deux années passées en traduction. Mais aussi la franco-canadienne Nancy Huston, prix Femina pour "Lignes de faille", où le franco-congolais Alain Mabanckou, Renaudot pour "Mémoire de porc-épic", devenu depuis une figure des milieux littéraires français.
Autant d'auteurs "de langue française, soit par choix, soit par le fait de l'histoire", comme le soulignait Mabanckou, qui s'inscrivent dans une longue lignée d'auteurs étrangers consacrés pour leur seul talent littéraire.
Car les jurys littéraires ont salué très tôt ces écrivains qui témoignent du rayonnement du français dans le monde. Dix lauréats d'origine étrangère ont devancé Littell au palmarès du Goncourt. Du Belge Charles Plisnier (1937), au Suisse Jacques Chessex (1973) ou au Russe Andrei Makine (1995).
Depuis dix ans, trois auteurs africains ont décroché le Renaudot, l'Ivoirien Amadou Kourouma (2000), Alain Mabanckou et Tierno Monénembo. Un engouement pour le roman africain de langue française qui doit beaucoup à Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de littérature 2008 et jury Renaudot.
Avec une quarantaine d'autres écrivains, parmi lesquels Tahar Ben Jelloun ou le Martiniquais Édouard Glissant, Le Clézio a signé en 2007 un manifeste "Pour une littérature-monde en français", afin de redonner au roman une ouverture sur le monde. "Fin de la "francophonie" et naissance d'une littérature-monde en français, tel est l'enjeu, pour peu que les écrivains s'en emparent", écrivaient-ils.
Une initiative d'ailleurs vivement dénoncée par le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, qui accusait alors les signataires de se poser en "fossoyeurs de la Francophonie" et de "confondre francocentrisme et francophonie".
La reconnaissance des auteurs francophones d'origine étrangère offre également une alternative à certains auteurs français qui tendent à produire ces dernières années une littérature nombriliste "sans autre objet qu'elle même".
Inversement, Monénembo n'est pas tendre avec son continent d'origine : "L'Afrique est un étouffoir, car la censure est permanente, sous différentes formes... La lecture n'est pas rentrée dans les mœurs, ici la solitude est un délit, d'un point de vue social. S'isoler (pour lire ou écrire) est très mal vu. Il faut être fou. Souvent, les gens sont obligés de s'exiler", déclarait-il en févier à Dakar. Installé en France depuis 1973, Monénembo est devenu un écrivain de l'exil.
L'Afghan Atiq Rahimi a obtenu le Goncourt pour "Syngué sabour", son premier roman écrit directement en français. Et le Guinéen Tierno Monénembo le Renaudot pour son "Roi de Kahel", dans lequel il revisite l'histoire coloniale.
Un succès salué par les francophones du monde entier, après un cru 2006 qui n'avait pratiquement consacré que des francophones d'origine étrangère.
Jonathan Littell, bien sûr, premier Américain à recevoir le Goncourt, pour "Les Bienveillantes", dont la version anglaise parait ces jours-ci aux États-Unis après deux années passées en traduction. Mais aussi la franco-canadienne Nancy Huston, prix Femina pour "Lignes de faille", où le franco-congolais Alain Mabanckou, Renaudot pour "Mémoire de porc-épic", devenu depuis une figure des milieux littéraires français.
Autant d'auteurs "de langue française, soit par choix, soit par le fait de l'histoire", comme le soulignait Mabanckou, qui s'inscrivent dans une longue lignée d'auteurs étrangers consacrés pour leur seul talent littéraire.
Car les jurys littéraires ont salué très tôt ces écrivains qui témoignent du rayonnement du français dans le monde. Dix lauréats d'origine étrangère ont devancé Littell au palmarès du Goncourt. Du Belge Charles Plisnier (1937), au Suisse Jacques Chessex (1973) ou au Russe Andrei Makine (1995).
Depuis dix ans, trois auteurs africains ont décroché le Renaudot, l'Ivoirien Amadou Kourouma (2000), Alain Mabanckou et Tierno Monénembo. Un engouement pour le roman africain de langue française qui doit beaucoup à Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de littérature 2008 et jury Renaudot.
Avec une quarantaine d'autres écrivains, parmi lesquels Tahar Ben Jelloun ou le Martiniquais Édouard Glissant, Le Clézio a signé en 2007 un manifeste "Pour une littérature-monde en français", afin de redonner au roman une ouverture sur le monde. "Fin de la "francophonie" et naissance d'une littérature-monde en français, tel est l'enjeu, pour peu que les écrivains s'en emparent", écrivaient-ils.
Une initiative d'ailleurs vivement dénoncée par le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, qui accusait alors les signataires de se poser en "fossoyeurs de la Francophonie" et de "confondre francocentrisme et francophonie".
La reconnaissance des auteurs francophones d'origine étrangère offre également une alternative à certains auteurs français qui tendent à produire ces dernières années une littérature nombriliste "sans autre objet qu'elle même".
Inversement, Monénembo n'est pas tendre avec son continent d'origine : "L'Afrique est un étouffoir, car la censure est permanente, sous différentes formes... La lecture n'est pas rentrée dans les mœurs, ici la solitude est un délit, d'un point de vue social. S'isoler (pour lire ou écrire) est très mal vu. Il faut être fou. Souvent, les gens sont obligés de s'exiler", déclarait-il en févier à Dakar. Installé en France depuis 1973, Monénembo est devenu un écrivain de l'exil.