Les "lacunes" de l'Otan pourraient "compromettre" la mission en Libye

AFP

Bruxelles - Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a mis en garde vendredi les alliés occidentaux de l'Otan contre leur manque d'investissements militaires et de volonté politique, soulignant que ces "lacunes" pourraient "compromettre" l'efficacité de la mission en Libye.

Robert Gates
Robert Gates
"Concernant l'opération de l'Otan en Libye, il est devenu douloureusement évident que des lacunes -en capacité et en volonté- ont le potentiel de compromettre la capacité de l'alliance à mener une campagne intégrée, efficace et durable dans les airs et sur mer", a affirmé M. Gates devant un centre de réflexion bruxellois, au lendemain d'une réunion avec ses homologues des 28 pays membres de l'Otan.

Il a mis en garde contre "une alliance à deux vitesses" avec quelques nations se contentant d'opérations humanitaires tandis que d'autres devraient supporter les opérations de combat.

"Ce n'est plus un souci hypothétique et c'est inacceptable", a relevé M. Gates.

Huit des 28 pays de l'Otan --Belgique, Canada, Danemark, Etats-Unis, France, Italie, Norvège et Royaume-Uni-- participent aux frappes aériennes en Libye.

La moitié des Etats membres de l'Alliance atlantique n'apportent aucune contribution. D'autres participent de manière limitée, comme l'Espagne ou les Pays-Bas, qui font seulement respecter la zone d'exclusion aérienne.

"Franchement, bon nombre de ces alliés restent à l'écart, non pas parce qu'ils ne veulent pas participer, mais simplement parce qu'ils ne peuvent pas. Les moyens militaires ne sont tout simplement pas là", a déploré M. Gates.

L'Otan pourrait avoir "un avenir sombre" si les alliés renoncent à des investissements militaires suffisants alors que l'Alliance atlantique est engagée sur deux fronts en Libye et en Afghanistan, a-t-il également souligné.

"Un tel avenir est possible, mais pas inévitable", a-t-il toutefois ajouté en exhortant les alliés à "arrêter et inverser ces tendances".

Actuellement, les Etats-Unis supportent à eux seuls 75% des dépenses militaires de l'alliance, a-t-il rappelé. Et il sera "de plus en plus difficile" pour Washington de maintenir ce niveau d'engagement.

Les Etats-Unis pourraient se montrer réticents "à dépenser des fonds de plus en plus précieux pour le compte de nations qui ne sont apparemment pas disposées à consacrer les ressources nécessaires ou à faire les changements nécessaires pour être des partenaires sérieux et compétents dans le domaine de leur propre défense", a dit M. Gates.

Il a déploré que l'Otan, "l'alliance militaire la plus puissante de l'histoire", qui peut revendiquer deux millions de personnes en uniforme ait dû "lutter, parfois désespérément, (avec ses Etats membres) pour maintenir un déploiement de 25.000 à 45.000 soldats", en Afghanistan. Et dans ce pays l'alliance demeure confrontée à des pénuries de matériel, notamment d'hélicoptères, d'avions de transport ou de surveillance, a-t-il ajouté.

De la même façon, en Libye, onze semaines seulement après le début de l'opération, certains alliés commencent à manquer de munitions et "exigent, une fois de plus, que les Etats-Unis compensent la différence", a-t-il également fait remarquer.

M. Gates qui doit quitter ses fonctions d'ici la fin du mois, après quatre ans et demi passés au Pentagone sous George W. Bush puis Barack Obama, s'exprimait sur l'avenir des relations transatlantiques.


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