Les marocains s'enflamment contre la hausse des prix des produits alimentaires

magharebia.com/Hassan Benmehdi

Les prix des produits alimentaires, particulièrement les légumes, poissons et viandes blanches, ont atteint des niveaux très élevés. Les citoyens qui commencent réellement à sentir l’effet de l’inflation jugent ces hausses incompréhensibles et exagérées.

Les marocains s'enflamment contre la hausse des prix des produits alimentaires
Certains produits ont vu leur prix presque doublés en l’espace d’un mois. C’est le cas notamment du poulet et de la sardine, produits très prisés par les Marocains.
Sur le marché de détail, les prix du poulet et de la sardine sont passés respectivement de 14 et 10 dirhams au début du mois de mars à 20 et 19 dirhams actuellement. T
C’est le cas aussi des légumes dont les pommes de terre, les carottes et les oignons dont les prix tournaient autour de 4 à 5 dirhams le kilo, il y a deux mois de cela, alors qu’aujourd’hui, ils sont passés à plus de 9 dirhams.
Le seule légume qui ne semble connaître de changement significatif est la tomate qui est toujours vendue à 4 dirhams le kilo.
Ces hausses sont confirmées par le Haut Commissariat au Plan (HCP). Selon son rapport, les prix de légumes et poissons frais ont connu entre janvier et février 2009, des hausses respectives de 18 % et 11 %.
A 9 dirhams le kilo de pommes de terre ou d’oignons et 8 dirhams pour les carottes, les ménages, notamment ceux à faibles revenus dont l’alimentation était à base surtout de légumes étant donnée la cherté de la viande, souffrent avec la flambée actuelle des prix.
Le prix des produits alimentaires a fait une entaille sérieuse dans le panier de la ménagère.
‘‘Je suis obligée de diminuer les quantités à l’achat et malheureusement lors de la cuisson aussi, car à ces prix, c'est vraiment intenable’’, dit Naîma, femme de ménage dans une société de communication, à Magharebia.
Nazha, assistante sociale dans une clinique à Casablanca, n’arrive pas à comprendre les véritables raisons à l’origine de cette hausse exceptionnelle des prix des légumes et des viandes.
"On justifiait auparavant les hausses par la faiblesse des pluies, et aujourd’hui on veut nous faire avaler la pilule en insinuant qu’il a trop plu’’, dit-elle." C'est faux. Tout le monde veux gagner sur le dos des pauvres, victimes d’une absence flagrante d’institutions de contrôle des prix et de régulation du marché.’’
Toutefois, les vendeurs de légumes pointés du doigt par les consommateurs jurent qu’ils n'y sont pour rien. Ils clament même avoir été pénalisés du fait qu’ils rognent sur leurs marges afin de ne pas faire fuir leurs clients.
Abdelali, vendeur de légumes à l’ancienne médina de Casablanca, pense que l’origine de la hausse est à chercher du côté des circuits de distribution : ‘‘ Nous sommes aussi victimes de la spéculation de différents intervenants’’.
Les observateurs avancent par ailleurs d'autres arguments.
‘‘D’abord, il y a l’impact des fortes pluies enregistrées cette année au niveau du Maroc. Celles-ci ont entraîné d’importants dégâts dans certaines régions agricoles qui approvisionnent le pays comme le Gharb avec le pourrissement des vergers, la destruction des récoltes ou ou en rendant difficile l’accès aux fermes,’’ dit Saîd Daâouf, membre de l’Association de Défense des Consommateurs.
Et de poursuivre que ‘‘ l’export, le renchérissement des prix de transport et la grève des transporteurs figurent parmi les causes de la hausse de ces dernières semaines’’.
Plusieurs arguments sont avancés. Mais, pour beaucoup, si les conditions climatiques y sont pour quelques chose, le vrai problème reste celui des nombreux intermédiaires, communément appelés «Samsara», qui grouillent tout au long du circuit de distribution allant du producteur au détaillant.
Pour les citoyens, c’est à ce niveau que doivent intervenir les autorités en réduisant au maximum les intermédiaires qui polluent le circuit de distribution.
En attendant, l’Etat marocain se contente d’annoncer qu’il fait tout pour aider à sauvegarder le pouvoir d’achat des citoyens.
Dans une déclaration accordée à l’hebdomadaire La Nouvelle Tribune, M. Nizar Baraka, Ministre chargé des Affaires Economiques et Générales, a souligné que "le Gouvernement a décidé dès 2008 d’améliorer les revenus des citoyens pour entretenir la consommation grâce à l’augmentation des salaires, la baisse des l’Impôt sur les revenus."
"Ces augmentations oscillant entre 10 % et 22 % sont largement supérieures à la hausse de l’inflation,"ajoute le Ministre." La Caisse de Compensation a débloqué 36 milliards en 2008 et devrait dépenser 29 milliards de Dhs en 200", déclare-t-il, mesure visant à soutenir le pouvoir d’achat des Marocains.


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