Les partisans de Moussavi n'entendent pas renoncer en Iran
Reuters
Les partisans du candidat battu à la présidentielle iranienne Mirhossein Moussavi devraient poursuivre leur mouvement de protestation mercredi dans les rues de la capitale Téhéran.
Le président américain Barack Obama, qui a tendu la main à l'Iran et lui a demandé de "desserrer le poing", a estimé mardi que les manifestations montraient que "les Iraniens ne sont pas convaincus de la légitimité de l'élection".
Sept personnes ont été tuées lundi en marge d'une immense manifestation de l'opposition et Moussavi avait ensuite exhorté ses partisans à annuler le rassemblement prévu mardi au même endroit.
Arborant la couleur verte qui a symbolisé la campagne de l'ancien Premier ministre, quelques milliers de personnes ont donc manifesté devant le bâtiment de la télévision d'Etat IRIB, dans le nord de Téhéran, autour duquel la police anti-émeutes avait été déployée.
Certains brandissaient des photos de Moussavi et formaient avec leurs doigts des signes de victoire. Des messages circulaient qui appelaient à un nouveau rassemblement mercredi sur la place Haft-e Tir, dans le centre de la capitale.
KHAMENEI INVOQUE LA LOI
A la mobilisation de l'opposition, des dizaines de milliers de partisans du président Mahmoud Ahmadinejad ont répondu en se réunissant sur la place Vali Asr, dans le centre de Téhéran.
Confronté à un mouvement d'une ampleur sans précédent en trois décennies, le régime iranien a accepté le principe d'un nouveau décompte partiel des suffrages.
Le Conseil des gardiens, organe législatif suprême composé de 12 membres, a toutefois exclu d'annuler les résultats de l'élection de vendredi, selon lesquels Ahmadinejad a été réélu avec 63% des suffrages.
Le guide suprême de la révolution, l'ayatollah Ali Khamenei, avait lui-même suggéré dans la journée qu'il faudrait procéder à un nouveau dépouillement de certaines urnes.
"Le président élu est le président de tous les Iraniens. Les possibles problèmes doivent être résolus par des moyens légaux", a déclaré Khamenei, cité par l'agence de presse officielle Irna.
"S'il est nécessaire de recompter des bulletins pour résoudre ces problèmes, cela devra être fait en présence de représentants des candidats", a-t-il ajouté.
Signe de la tension qui s'est emparé du pays, les autorités iraniennes ont interdit aux journalistes des médias étrangers de quitter leurs bureaux pour couvrir les manifestations.
Les dissensions autour du système institutionnel iranien apparaissent plus marquées que jamais à l'occasion de ce scrutin.
Le candidat réformateur Mirhossein Moussavi était soutenu par plusieurs grandes figures iraniennes, dont les anciens présidents Akhbar Hachemi Rafsandjani et Mohammad Khatami, préoccupés par l'isolement de l'Iran sur la scène internationale et la politique économique populiste d'Ahmadinejad.
L'intransigeance du chef de l'Etat sur le dossier du nucléaire se heurte aux Occidentaux, qui soupçonnent l'Iran de chercher à se doter d'un arsenal nucléaire.
Barack Obama a toutefois estimé mardi que les négociations avec la République islamique seraient difficiles quel qu'en soit le chef d'Etat élu.
"La différence entre Ahmadinejad et Moussavi en terme de politique pourrait ne pas être aussi grande que ce qui a été dit", a déclaré Obama à la chaîne de télévision CNBC.
"D'un côté comme de l'autre, nous allons traiter avec un régime iranien historiquement hostile aux Etats-Unis", a-t-il ajouté.