"Les regrets": vestiges de l'amour

AP

Ils ont 40 ans ou presque, se sont aimés, se sont quittés et se retrouvent 15 ans après leur rupture. Et l'amour renaît, peut-être plus fort encore.

C'est la trame du film "Les regrets" (ce mercredi sur les écrans français), le septième long-métrage de Cédric Kahn, qui avoue lui-même avoir "toujours évité les émotions" dans ses précédentes réalisations, "Bar des rails" (1992), "L'ennui" (1998) ou "Roberto Succo" (2001) par exemple. Avec "Les Regrets", il se jette à l'eau et raconte une simple, belle et forte histoire d'amour.

"Assumer le film comme totalement sentimental, c'était le plus périlleux pour moi! Je ne voulais pas me cacher derrière une intrigue policière, une figure de style, une virtuosité ou un défi de mise en scène. Je voulais assumer que les sentiments soient à la fois le point de départ et d'arrivée du film", confie-t-il.

Le point de départ est un autre sentiment, le chagrin, admirablement filmé: Mathieu (Yvan Attal), architecte parisien, a la douleur de perdre sa mère, terrassée par la maladie. Quand il est allé la voir à l'hôpital, dans la petite ville de l'Indre où elle habitait et où il a passé son enfance, il a croisé par hasard Maya (Valéria Bruni Tedeschi), son amour de jeunesse.

Ce fut un simple échange de regards, dans la rue, de loin, sans un mot. Mais deux heures plus tard, dans la maison familiale, Mathieu reçoit un coup de fil. C'est Maya.

Cela fait 15 ans qu'ils s'étaient perdus de vue. Ils décident de se revoir. Maya vit dans une maison à la campagne, avec un homme un peu brusque et avec sa fille née d'une précédente liaison. Mathieu de son côté est en couple, à Paris, avec une jeune femme qui travaille dans le même cabinet d'architectes que lui. Maya et Mathieu se revoient comme deux amis heureux de se retrouver.

Mais entre l'amour et l'amitié, il n'y a parfois qu'un lit de différence. La passion entre ces deux-là ne demande qu'à renaître de ses cendres qui, 15 ans après, sont encore des braises. Des regrets? Bientôt ils n'auront même plus le temps d'en avoir...

"Les deux personnages n'ont pas la même attitude envers le passé", explique Cédric Kahn. "Maya est dans le culte du passé et elle a des comptes à régler. Elle aime toujours Mathieu mais elle lui en veut encore de l'avoir abandonnée. La peur et le ressentiment arment sa trajectoire, elle a envie qu'il souffre ce qu'elle a souffert. Mathieu est au contraire dans le présent, dans le réel, il ne regarde pas du tout derrière lui. La peur que Maya connaît aujourd'hui, il l'a traversée à l'époque. Il a fui la passion. Maintenant, il n'est plus mû que par l'amour et le besoin de reprendre cette histoire qu'il a interrompue prématurément".

Faut-il souffrir -un peu, beaucoup, à la folie- pour aimer vraiment? La fin de l'histoire, l'épilogue du film vous le diront, peut-être. Yvan Attal et Valéria Bruni Tedeschi en tout cas sont remarquablement crédibles et émouvants dans ces personnages d'amants retrouvés, plongés dans une histoire d'amour si forte qu'elle les dépasse. "'Les regrets' auraient pu s'appeler 'Toujours ou jamais'", dit Cédric Kahn. "Il n'y a pas de fin à leur histoire, elle a un avenir permanent. C'est presque la définition de l'amour absolu".


Commentaires (0)
Nouveau commentaire :