Les transitions démocratiques difficiles des pays du Printemps arabe
AFP
Le Caire - Le monde arabe connaît depuis 2010 des bouleversements majeurs, qui ont provoqué la chute des régimes tunisien, égyptien et libyen, ont plongé la Syrie dans la guerre civile et se traduisent par des transitions démocratiques difficiles.
Homme fort du pays depuis 1981, Hosni Moubarak a remis ses pouvoirs le 11 février 2011 au Conseil suprême des forces armées (CSFA), après 18 jours d'une révolte populaire (près de 850 morts), dans la foulée du soulèvement en Tunisie.
Après une longue transition jalonnée par des manifestations parfois meurtrières, le second tour de la présidentielle voit s'affronter samedi et dimanche le candidat des Frères musulmans, Mohammed Morsi, et le dernier Premier ministre de Hosni Moubarak, Ahmad Chafiq.
Le scrutin se déroule cependant dans un contexte de tensions accrues et d'accusations de "coup d'Etat" depuis que la justice a déclaré jeudi "illégal" le Parlement élu cet hiver lors de législatives complexes qui avaient vu un raz-de-marée islamiste.
TUNISIE
Le 14 janvier 2011, Zine El Abidine Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, a fui son pays pour l'Arabie saoudite chassé par une révolte (plus de 330 morts), après l'immolation par le feu à la mi-décembre d'un jeune marchand de Sidi Bouzid (centre-ouest) excédé par des humiliations policières répétées.
L'Assemblée nationale constituante, élue en octobre, est dominée par les islamistes du parti Ennahda, mais présidée par Moncef Marzouki, farouche opposant de gauche au régime Ben Ali.
Cette semaine, le pays a connu une flambée de violences qui a fait un mort et plus de 100 blessés après des attaques de salafistes présumés dimanche contre une exposition à La Marsa, dans la banlieue aisée de Tunis. Le gouvernement tunisien a réagi en rétablissant un couvre-feu dans huit régions, dont Tunis.
LIBYE
Mouammar Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, est mort juste après son arrestation le 20 octobre 2011, deux mois après que la rébellion se soit emparée de Tripoli, grâce à l'appui décisif d'une opération militaire internationale lancée dès mars. Selon le Conseil national de transition (CNT), le conflit a fait 30.000 morts.
Le gouvernement est aujourd'hui critiqué pour son échec à asseoir son autorité et à s'opposer aux milices formées par les anciens combattants rebelles. L'élection d'une Assemblée constituante, prévue en juin, a été reportée au moins jusqu'à juillet.
SYRIE
La Syrie est en proie depuis mars 2011 à une révolte contre le régime de Bachar al-Assad, qui s'est militarisée face à la répression. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les opérations de répression, les combats entre armée et déserteurs, ainsi que plusieurs massacres de civils, ont fait plus de 14.400, dont plus de 2.300 depuis un mois.
Les combats se sont intensifiés récemment, malgré la présence de quelque 300 observateurs de l'ONU incapables de faire respecter la trêve préconisée par le plan de l'émissaire international Kofi Annan, poussant des responsables étrangers à parler de "guerre civile".
YEMEN
Le 21 février 2012, le vice-président Abd Rabbo Mansour Hadi a été élu à la présidence pour une période intérimaire de deux ans, succédant à Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978, en vertu d'un accord soutenu par les monarchies arabes du Golfe après un an de soulèvement qui a fait des centaines de morts. M. Saleh a accepté de quitter le pouvoir en échange d'une immunité pour lui-même et pour ses proches.
Al-Qaïda avait profité de cette période d'incertitudes pour renforcer sa présence dans le sud et l'est du pays, mais après un mois d'une vaste offensive, l'armée yéménite a réussi cette semaine à reprendre les principales villes contrô lées par le réseau.
BAHREIN
Dirigé par une dynastie sunnite, le royaume a été secoué en février-mars 2011 par des manifestations de la population majoritairement chiite. La révolte a été réprimée par la force, avec l'appui de troupes essentiellement saoudiennes. Les manifestations ont repris ces derniers mois, et des heurts opposent sporadiquement protestataires et police.
JORDANIE
Des manifestations ont lieu régulièrement depuis début 2011 pour réclamer réformes politiques et économiques et mesures anti-corruption.
MAROC
Des manifestations ont eu lieu en 2011 pour réclamer des réformes politiques. Le parti Justice et développement (PJD, islamistes modérés) a remporté les législatives fin novembre et son chef a été nommé Premier ministre, conformément à une nouvelle Constitution.
ALGERIE
Les élections législatives de mai ont été remportées par l'alliance présidentielle, les islamistes subissant un important revers, une première depuis le début du Printemps arabe.