Les viticulteurs bordelais vigilants après les menaces de Trump

Reuters

Bordeaux - La viticulture girondine reste prudente sur les conséquences de la menace de Donald Trump d’imposer de nouveaux droits de douane sur les vins français en réponse à l’adoption par la France de la taxe frappant les grands groupes du secteur du numérique.

Vendredi, le président américain a annoncé des représailles sous forme de taxation sur les importations venues de l’Hexagone et a particulièrement visé les vins.

Les Etats-Unis constituent le premier marché en valeur pour les vins français avec 1,7 milliard d’euros d’exportations en 2018, soit 18% du total.

“Aujourd’hui, ce ne sont pas les vins français qui sont visés mais le président Macron”, a dit à Reuters le président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), Bernard Farges.

“C’est un sujet politique et diplomatique. On verra plus tard si ça devient vraiment un sujet pour nous”, a-t-il ajouté. “Si c’était le cas, tout dépend de la hauteur de la taxation, si ça concerne tous les vins français, tous les vins européens. Il y a beaucoup d’incertitudes et de questions.”

Les destinations préférentielles des vins de Bordeaux sont depuis plusieurs années Hong-Kong et la Chine mais le marché américain, un temps boudeur, s’est redressé, surtout sur les hauts de gamme. Le chiffre d’affaires a ainsi progressé de 21% en 2018, à 279 millions d’euros pour 26 millions de bouteilles.

Le marché total des exportations bordelaises était alors de de 2,09 milliards d’euros (+3%) pour 251 millions de bouteilles.

Le président de l’interprofession reconnaît qu’une variation des taxes douanières peut avoir des effets, comme cela a été le cas avec le Japon.

    “On a senti les effets sur les ventes. Mais il y a aussi les effets d’aubaine ou d’inquiétude. Juste avant l’abaissement des taxes au Japon, les exportations ont baissé dans l’attente de la baisse des droits de douanes”, a dit Bernard Farges.

“Pour la raison inverse, on a vu l’an passé les importations augmenter au Royaume-Uni lorsque le Brexit a été annoncé comme imminent”, a-t-il ajouté. Bernard Farges préside également la Confédération nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie à Appellations d’Origine Contrôlée (CNAOC) et la Fédération européenne des vins sous appellation d’origine (EFOW).

Philibert Perrin, co-propriétaire de château Carbonnieux, l’un des plus côtés des grands crus classés de Pessac-Léognan dont il préside l’appellation, a invité à la vigilance.

“C’est une menace qu’il faut prendre au sérieux. Le marché américain est un marché très important. Les Américains sont opportunistes, n’ont pas de fidélité. Il faut donc être sur place, assurer du suivi dans les prix plus que dans les millésimes”, a-t-il dit à Reuters.

“Eux, ce sont des volumes et un prix. Donc en cas d’augmentation des taxes, le consommateur américain pourrait être surpris par le prix et se tourner vers un autre pays. Il y a un danger de déstabiliser le consommateur. On ne mesure pas le risque mais cela peut ralentir l’activité et nous faire perdre des parts de marché”, a-t-il ajouté.    

Emmanuel Macron s’est engagé à aborder le sujet avec Donald Trump à l’occasion du sommet du G7 réuni à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) du 24 au 26 août.

“Nous allons annoncer prochainement une mesure réciproque importante en réponse à la bêtise de Macron”, avait écrit le président américain sur son compte Twitter .

“J’ai toujours dit que le vin américain était meilleur que le vin français”, avait-il ajouté.


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