"Les yeux jaunes des crocodiles": après le livre, le film

AFP

Paris - "Les yeux jaunes des crocodiles", tiré du best-seller de Katherine Pancol, réunit Julie Depardieu et Emmanuelle Béart qui revient à la comédie populaire avec cette histoire où "les personnages passent des apparences aux transparences", dit-elle.

Le film raconte le pacte du diable entre deux soeurs aux personnalités et aux vies opposées.

La fragile Joséphine (Julie Depardieu) est une historienne spécialiste du Moyen-Age qui croule sous les dettes de son ex-mari et est écrasée par sa fille aînée, qui ne jure que par l'argent et la célébrité.

La soeur de Jo, la lumineuse Iris (Emmanuelle Béart), mariée à un riche avocat (Patrick Bruel), mène au contraire une vie futile montrant même peu d'intérêt pour son fils qu'elle laisse à sa nounou.

Un jour, dans un dîner, Iris se vante d'écrire un livre pour donner le change. Acculée, elle va demander à Jo d'écrire le livre tout en lui laissant l'argent éventuel à venir. Le succès de l'ouvrage va chambouler leurs vies.

"Les personnages passent des apparences aux transparences. Au début, Jo est dans une sorte de cycle négatif duquel elle n'arrive pas à s'extraire, à se confronter au regard des autres", déclare Emmanuelle Béart à l'AFP.

"Mais au fond, sans la folie d'Iris, aurait-elle écrit ce livre? Et mon personnage, est-ce seulement une garce? Non! C'est plus complexe, la racine du mal est plus lointaine", poursuit-elle.

D'ailleurs selon l'actrice, "être comédien c'est réussir non pas à faire aimer le personnage - je n'ai jamais été sur le plateau dans cette intention - mais à trouver les failles, les dissonances, l’ambiguïté, la complexité de cette femme. Pourquoi ce tourbillon vain? Pourquoi ce narcissisme?".

Quand Emmanuelle Béart a lu le livre, elle a eu "de l'empathie pour Jo mais finalement je trouvais Iris plus excitante à jouer par rapport à tout le travail que j'ai fait avant", dit l'actrice qui partage son temps entre le cinéma et le théâtre.

La réalisatrice Cécile Telerman ("Quelque chose à te dire") dit, elle, s'être vite passionnée pour la relation entre les deux soeurs "qui est à la fois pleine de tendresse et de complicité, mais aussi d'injustices et de manipulation".

- Respecter le roman -

Le livre ayant été un grand succès de libraire - deux millions d'exemplaires et une traduction dans 31 langues - , les scénaristes - Cécile Telerman et Charlotte de Champfleury, fille de Katherine Pancol, ont conclu "un pacte tacite: l'essentiel était de veiller scrupuleusement à respecter le roman", poursuit Telerman.

Est-ce plus dur d'incarner des personnages que les lecteurs se sont appropriés? "En tant qu'actrice, je ne me pose pas la question sinon ce serait paralysant", répond Emmanuelle Béart.

Julie Depardieu et Emmanuelle Béart se connaissent bien puisqu'elles ont travaillé plusieurs fois ensemble comme dans "Les témoins" d'André Téchiné et "Destinées sentimentales" d'Olivier Assayas.

Alors bien sûr "cela aide dans le plaisir de jouer avec l'autre, dans l'écoute et dans la solidarité", dit encore l'actrice de "Manon des sources" ou "Nelly et Monsieur Arnaud".

Le long métrage compte également à l'affiche Edith Scob, Jacques Weber et Karole Rocher dans un trio vaudevillesque qui évolue en parallèle du duel des soeurs.

Il permet surtout de retrouver la jeune Alice Isaaz, héroïne de "La crème de la crème", en salles depuis le 2 avril, dans le rôle cette fois de la fille insupportable de Julie Depardieu.

Premier volet d'une trilogie qui comprend également "La valse des tortues" et "Les écureuils de Central Park...", le film pourrait avoir une suite, le producteur Manuel Munz ayant acheté les droits des trois ouvrages.